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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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10 avril 2014

La vie est plus sensible que l’air.

preview_eas2_006Face aux manques, la vie m’a toujours conduit sur les chemins de la compensation. Ce qui m’empêche de réaliser des actes ordinaires, je le contourne en accomplissant des tours de passe-passe. La restriction de mouvements me conduit à élaborer des stratagèmes ambitieux pour préserver un minimum d’autonomie. J’apprends à surmonter. Surmonter les barrières et les obstacles que le quotidien ne manque pas de proposer. Invalide, je suis un chantier permanent. Du moins autant que je l’étais lorsque j’étais valide. Sur ce point, au moins, rien n’a changé. Non, ce qui est le plus difficile à vivre réside dans l’association qui est faite entre une altération corporelle substantielle et l’assistanat qui m’est consenti. Le soutien que l’on m’accorde ressemble bien souvent à un maternage désobligeant. Je n’ai plus cinq ans !

Je suis le domestique du reflet que je m’autorise. Domestiqué par tant de choses, j’arpente la réalité qui coïncide avec qui je suis. Même les rêves ne me reconnaissent plus. Exposé à la clarté qui m’observe, le réel domine et sa prise sévère moleste ma conscience. A un moment, tout l’avenir tient dans l’éphémère instant qui fait une boucle autour de ma seule présence. Je deviens les yeux autour de moi et je me devine nain parmi les cyprès qui caressent les étoiles. 

Si le monde était un conditionnel, chacun devrait être en mesure d’accepter tous les individus, quel que soit leur statut, leur race, leur forme et leurs capacités. Le racisme ne serait alors qu’une idée préconçue de petits groupes extrémistes. L’utopie a ses limites ! Il me faut voir le jour où pointe la lumière et non travestir ma pensée par des songes inaccessibles. L’interaction des individus provoque indéfiniment toutes les bonnes résolutions. La vie est plus sensible que l’air. Vulnérable, elle prône volontiers la dominance. 

La nuit tous les pas se mêlent. L’écart se restitue aux rouages inflammatoires des controverses collectives. Inlassablement, les courbures se crispent et rient des faiblesses d’autrui. Tout de la parfaite harmonie des pensées se distant des promesses joyeuses. Les jambes se croisent et les mains s’indisciplinent. Le regard farouche croule sous la masse des ténèbres. Et sous les crânes fendus, la gangrène passive déverse son pu glaireux sur les courses défectueuses. Déshérité du langage de mes membres, mes sourires rejoignent l’asile déjà complet des saisons brisées qui jouxtent la mort.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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