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Bruno ODILE
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22 septembre 2014

La joie n’est pas un choix.

images1URF1Q5SMon rire est une prophétie, un pli du savoir étouffé dans l’archéologie du temps. Il pousse et repousse le malentendu qui existe entre ce que je suis et la banalité du réel. L’existence de la chance pure me froisse jusqu’aux extrémités des frontières de ma conscience. Tout ce qui peut rendre mon corps docile à mes ébats réflexifs soulage mes pensées déviationnistes. Une brassée d’air emporte les nymphes rebelles qui me chiffonnent. Dans le miroir, un reflet de mon cœur s’use contre le mur qui me sépare des promenades aux clameurs jubilatoires. 

L’improbable cause du soulagement s’est assise à côté de cet instant d'apnée où l'on sourit d'avance à la goulée d'oxygène qui arrive.

          Définition de l’éthique selon Paul Ricœur : « se reconnaître enjoint de vivre bien avec et pour les autres dans des   institutions justes et s’estimer soi-même en tant que porteur de ce vœu. »

Le destin n'est finalement qu'une suite logique des événements. C'est notre ignorance qui donne vie à l'espérance. C'est notre désir d'inhiber les coups du sort qui nous porte à la joie. Seule substance utile pour contrefaire les malédictions d'un monde et d'une vie tragique. La réalité n’est pas souvent la réverbération de mon désir et, cependant, la joie promet d’exercer sa magie pour contrecarrer la déprime que je peux ressentir. 

La joie n’est pas un choix mais une excellence gratuite qu’il nous faut apprécier pour nous détacher de l’emprise déroutante des bruits sourds qui exaltent nos sens. L’étonnement nous éclaire alors que la réalité nous agresse.  Le seul chemin pour accéder à soi-même réside dans le tourbillon de notre essence mère, là où se mélange et parfois s'écrase notre propension à la joie, à la délivrance d'une vie tragique.

Demain, c'est le chemin de l'espérance infinie. Celle qui a débuté hier et se meurt dès aujourd'hui. Mieux vaut la joie que l'espoir. Elle s'arque-boute face à toutes les misères qui nous traversent. Elle oublie le sens de l’existence et détourne l’insipide laitance de la conscience. Quel sera mon bonheur ? De quoi parlera-t-il et avec qui traversera-t-il la prairie bordant mon âme ? Ajusté à l’éternité, l’immobilité déploie des trésors d’imagination pour se distinguer. Mais l’avenir est formaté dans les coursives des raisons vaines. Sur les trottoirs, des panneaux de signalisation font mine d’une foule de directions. Une seule pourtant conduit derrière les palissades.

La pensée est souffrance dès lors qu’elle étouffe nos initiatives. Elle s’accomplit partiellement dans l’acte et l’immensité de ses résidus occupe les affres de l’aliénation. L’oubli, même métaphysique, exerce sur l’individu sa nonchalance nihiliste. Fantasmes ou cauchemars refluent de la grande tisane du renoncement. Mon cœur, posé sur la branche pourrie de la conscience, a bien du mal à prendre son envol. Les instances répressives de la morale cintrent mes actes et détériorent mon imaginaire. J’ai besoin d’air et les miettes d’oxygène qui me ventilent d’indifférence sont les promesses d’un désastre futur. Les sûres racines du désespoir creusent la terre à mon point de chute. La consternation ronfle comme le sel dans la soupe du jour qui cherche à s’éclaircir.

Et puis, il y a ces journées qui n’en finissent pas et cette lenteur apparente dans les sous-bois environnants. Au cœur du monde désenchanté, fleurit l’image de la colline que les derniers rayons du jour caressent. Il en est toujours ainsi : la joie fend l’enclume des nostalgies rédhibitoires, elle me dénude totalement et me libère des pétrissures malaxées par l’enclume de l’ordinaire. Très vif et très sec, un éclair m’accouple au reflet mourant de l’audace et pour terminer ma course, je rassemble les idées mal bâties et incohérentes à mes battements de cœur.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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