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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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28 mars 2015

Au creux de l’ombre muette.

images1SGQ3H0LEt puis, la route ; et puis, le chemin

Dans mes veines trébuche un silence scié à la racine

De vieilles tranquillités sommeillent avec la lame de la déception

Qui les découpent et les fragmentent en mille grains saumâtres

Sans dire mot, une âme de rêveur peuple  

Toute ma solitude et toutes mes attentes frustrées

Puis, surgit le vacarme au cœur des vagues du monde

La tonitruance des foules anonymes et l’aspersion des voix

J’ai dans la chair un mille-feuille de sous-couches épaisses

De frustrations lacérées, de manques en tout genre

Un amas de désirs non résolus occupe mon sang

Comme autant de caillots opiniâtres  

Obstruant l’écoulement naturel

J’habite le presque, le pour ainsi dire

Je flirte avec l’embolie de mes rêves

Je tisse les parfums aigres de mes discordes

Réunis à l’unisson, le besoin et l’envie faussent mes sens

Débouclent mes certitudes

Décalottent l’instant saccagé

L’impatience du monde nettoie les fraises sauvages

Sur la toile du réel, dans la fermeté des choses tangibles

Je tiens la rature comme un lieu de vie

Comme un chant de feu désintégrant les bouches avides

Je désire plus qu’il ne soit possible de désirer

Mon cœur tire la langue, ma salive s’épaissit

Mon dos courbe sous le poids d’une goutte de rosée

Je marche et je marche sans relâche

Traversant la mer, embrassant l’horizon

Plus j’avance, plus je sais ne pas avoir bougé

Agrippé au seuil de l’immensité  

Comme un point saturé d’espace sans nom

Je suis la miette de pain sur le sol gelé

Dans l’attente du bec de la grive et de l’étourneau

Cassant la glace jusqu’à l’eau pure

Plus l’inconnu est une vaste terre à défricher

Plus mes envies enfourchent mon désir

Et dans mon cœur éclaté j’entends battre les ailes

D’un merle moqueur divisant mes paroles

En deux colliers d’enfer médisant

J’appartiens à la faim, aux souffles courts

Et aux ruisseaux d’humeur dans les fissures du monde.

Plus mon corps biologique se rétracte

Plus j’ai l’impression de devenir grand.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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