Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bruno ODILE
Archives
Publicité
Bruno ODILE
Visiteurs
Depuis la création 46 183
Derniers commentaires
11 mai 2015

Résonnances (6)

imagesQ6M577LCOssuaire de givre égaré sous la lampe éclairée, la température de l’heure ronge les murs soutenus par la glace éphémère du temps. Portes et fenêtres ouvertes, le ciel n’est pas si loin. Tour Magne et Maison carré sont sur le même palier. Mais la pluie rejoint les racines profondes et l’eau déssoiffe l’été mourant. La terre prolonge sa boucle dans l’absolue nécessité de tourner le dos à son passé. Et, je tourne avec elle, et je file aux rythmes des saisons comme une hirondelle printanière. Je pirouette sur la dernière bouffée tiède avant de renaître replié au cœur de l’immobilité des miroirs dans la chair en sommeil. L’existence pourvue d’une insolente vigueur poursuit son chemin dans une gerbe de messages incontrôlables. Miel rance des jours brassés parmi la revanche des molécules, la rage impatiente prêche la survivance au cœur de l’hostilité des vergers d’amertume. 

Je traverse le temps comme cet amas de sable blanc prisonnier de sa tour de verre. Sablier aux accents de lumière, j’éponge l’éclat dans l’épaisseur de mes nuits noires. Tous les chemins parcourus s’effacent et, de mémoire je reconstruis la terre à mon image. Enfant, je bravais le questionnement en me limitant à la contemplation. Mes réponses, je les rencontrais sur les plumes d’un moineau, sur le bourgeon d’un abricot dorant au plein soleil. L’émotion me tenait les paupières ouvertes et, défilait devant moi toute l’harmonie du vert dans le bleu de mon ciel. Aux prises avec le mouvement, j’oscille dans la beauté douloureuse d’être comme un pistil esseulé est entouré de pétales luxuriants. Aux pointes blessées du jour, la sève me nourrit établissant des provisions parmi des chants à peine audibles. Dans le brouillard d’une enfance sans âge, l’esquisse de l’arbre fondateur de miracles reste faible. Je suis aveugle au pays de mes failles. 

La voix provoque insidieusement des raccourcis à la distance. Il me faut profiter de cette brise douce pour lui donner des mots, des phrases et des sifflets d’intonation. Des sons par-delà les frontières, des signes de voix illuminant les décombres anciennes. Il me faut exprimer le grain ressurgissant par l’entaille noueuse qui précède et suit l'éclair. Entasser dans les méandres nocturnes, une chouette assure son vol d’espoir par-dessus la forêt d’ombres environnantes. L’injonction du présent laisse croire que l’existence est maître d’œuvre. Il s’accapare l’espace temporel où le temps est une donnée subjective. Mais l’absence, le manque ou bien la carence, m’effacent du jour dans la perspective qui l’use. Je ne saurai durer plus que l’instant papillonaire d’un hurlement fantôme.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité