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Bruno ODILE
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19 mai 2015

Résonnances (8)

1383047_335971619879744_1593925577_nMot de poudre blanche, sulfate eurythmique de mes sens, je ne sais plus la valeur du dire. Outil essentiel de la communication, la voix doit réamorcer le moteur de l’exigence. Nos blessures ont la main lourde. Prendre du recul est une sage décision. Le mouvement se recompose dans le silence. A l’écart, la distance avec l’événement nous offre la temporisation nécessaire à l’assimilation. Sans devenir des êtres neufs, la purge aphasique ressource nos sens. L’esprit n’est qu’une traînée de poudre à l’égard de la conscience qui nous domine. Un seul élément devrait toujours nous conduire : la liberté. Etre libre de soi et des autres. Ne faut-il pas parfois savoir s’arracher à son destin pour ressentir l’émotion vitale qui nous parcourt ?

Overdose du monde relationnel, je croule sous le poids de tes diktats. Comment persévérer ? Comment guider la prononciation de la flamme intérieure dans cet immense incendie ? Le solfège de ma voix se perd dans la banalité sinueuse des phrases intestines. Comment raconter le feu sans attendre en retour la braise rutilante de l’accomplissement ? Le silence de proximité préserverait-il la motivation de toute une vie ? Le langage approprié décante avec le noir charbon entassé dans les cavités confidentielles. Dans l’orage de mes respirations, l’enfance qui domine secrètement exulte de ses rires et de ses chagrins. Néanmoins, les mots à la hauteur de nos paroles ne pèsent pas plus qu’un souffle d’argile verte éparpillé dans la résonnance de l’air. Il nous est impossible de formuler avec précision la vérité implantée dans nos fibres. Les mots sont des décrochés, des décochés, des sons dépourvus de tous achèvements saisissables. Ils rivalisent avec la chair capitulée. Ils s’épuisent en vain sur la matrice du temps.

Parfois le verbe dans son essaim matriciel touche à la sublimation. Il évoque une telle puissance narrative qu’il s’approprie le langage du corps. Par son étroite connivence avec l’existence immédiate, Il touche à l’apogée de nos sens et j’ai l’impression d’être tout entier catapulté par la parole. Pareillement à un étourneau sous l’aile du jour qui se lève, je suis enserré dans le bec d’une blancheur absolue qu’il me faut déchiffrer sans relâche. Je voudrai dire la rondeur du soleil et sur le jour qui me fait face, je n’arrive à délivrer qu’une part insignifiante de son autorité.

Parfois, je voudrais effacer les flammes de l’aurore gorgée de vie. Il me plairait de gommer toutes ses lignes blanches pour que puisse librement dériver l’arc-en-ciel dans le tremblement des nuages qui me surplombent. A son commencement, la vie réjouit la lumière perlée de tendresse et force l'obscurité à s'isoler dans les profondeurs de l’infini. Moment exaltant, s'il en est, l'horizon résonne de toute la grâce providentielle de l'énergie renouvelée. Entends-tu, toi aussi, frémir le pain dans le four des volcans tout proche ? Le parfum de la farine chaude coiffe les sens en ébullition et jongle avec l’air et la poussière.

Je cueille et je recueille l’aube comme je peux. La dérision du jour suivant la beauté emporte avec elle toute objectivité sur le réel apparent dont l’emprise nous étouffe. La dualité qui nous habite est mère nourricière. Elle achève bien ce qu’elle entame. Tous les jets de l’esprit sont perdus d’avance s’ils convoquent exclusivement la part mitoyenne de l’accablement rongeur. On se perd facilement dans les abysses d’une conjugaison fuyante et inadaptée. L’auge communicative épuise son eau chaude dans les souffles trempés de l’incertitude.

Le visage des hommes est perclus de mille facettes. Il répond aux critères préétablis de nos consentements, de nos peurs incontrôlables et du lait caillé perforant nos veines. Il est le fruit de nos frontières intimes ouvertes sur l’immensité des champs de labours. La relation vraie ne trouve que rarement la lumière dans la forêt de nos préoccupations personnelles. Tout se résume dans l’espace de liberté que l’on est capable de soutenir. Il n’y a pas de vérité absolue pour nos esprits courroucés. Nous sommes des apprentis sorciers dans l’univers de l’image reproduisant l’action. Ecrire peut être la voie libératrice, le moyen de se guérir et de s’aguerrir. Il n’en est pas moins une initiative audacieuse sur soi-même, c’est l’accomplissement de l’air sur le rideau de nos chimères.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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