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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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16 juin 2015

J’oscille entre contradiction et paradoxe.

images9S5NHIHFDepuis toujours, le noir efface les traits de lumière et nous laisse inventer des monstres et des refuges. Je dois laisser transpirer la pluie dans le fourre-tout de mon âme ouverte. Puis accepter que les retenues affligeantes ne puissent avoir la capacité de nous livrer à l’espérance qu’elle avait fait naître. Il me faut savoir libérer ma mémoire de ses charges émotionnelles et pénétrer l’oubli par delà sa coque de sable durcie. 

Je suis un déchirement permanent, toutes mes plaies sont convulsives. Je ne connais pas encore le divertissement salvateur. Toutes mes récréations pactisent avec l’espoir d’une mutation. Alors, qu’importe le chemin, qu’importe la promenade choisie puisqu’elle me reconduit toujours à moi-même, dans l’étau de ce que je suis.  

Joie morte et cœur lourd, je ne sais que faire. Je cherche mon visage dans le vent, mes yeux dérivent vers des chaluts de hautes mers cernés par la bourrasque. Toute polémique bâtit sur sa propre pénurie n’a pas la suffisance pour engloutir l’autre autrement que de désespoir. Dans les vagues rageuses, la tête de proue se lève avant de sombrer dans le ventre abyssal des eaux profondes. La tristesse ignore qu’elle pleure sur elle-même. Pourtant, je le sais, il ne sert à rien de s’opposer à la tempête pour exister, le contraire y suffit.

Si les terres ordinaires nous sont sûres, c’est néanmoins par celles qui nous sont inconnues que nous agrandissons nos espaces. J’attends derrière la porte un sourire qui ne vient pas. Les sols désolés sont plus vieux que les hommes. L’espace inhabité a des relents de mort et les fenêtres mal isolées laissent filtrer la mélodie cabocharde de l’éternité. 

Eclopés, estropiés, amputés… Il est inutile de chercher le lien avec l’entièreté. Je ne vois pas d’autre chemin que celui que la marche découvre et prospecte. Partout, des sentiers s’affolent ; partout des gestes s’épuisent à tirer les fardeaux de la vacuité, de l’insuffisance et du manque. De l’imperfection, il faut faire le lit cotonneux des révolutions de nos métamorphoses plutôt que de pleurnicher sur notre sort. Nos cicatrices sont les redoutables passeports vers l’éternité de nos néants. Chaque plaie refermée comme un volcan éteint peut redevenir un cracheur de feu.

Face à l’immensité de la mer ou de la montagne, l’espace est si grand que l’évidence nous rappelle notre sobre mesure. Le silence de l’ultime buée de soi s’évapore dans la durée qui l’épaissit et dont il n’y a plus rien à dire. Je tournoie dans les hautes sphères de l’air pur parmi les points fertiles de l’espace où les plus grands rêves n’ont rien prévu de l’avenir.

La confiance n’est pas le chemin lui-même, elle est seulement la réponse aux alternatives de l’hésitation. De l’accoutumance à ne montrer qu’une facette de soi, nous finissons par ne connaître de nous-mêmes que celle-là. Toute bonté commence par la charité de soi. Nulle autre ne saurait être suffisamment gratifiante pour permettre au Moi profond de se dépouiller de toutes ses frasques. Il nous plait de taire un défaut connu de nous seul. On règle et ajuste nos incompétences au gré des regards qui nous affligent. 

Qu’on veuille bien le reconnaître, on a la vie que l’on se fait. Ce qui ne dépend pas de nous nécessite l’ajustement constant car c’est sur notre capacité à nous acclimater que repose la tranquillité des échos étrangers restés blottis dans notre chair. La valeur de nos possibilités repose sur notre libre-arbitre. La jouissance de vivre dépend de l’usage que l’on fait de soi et non du contexte dans lequel on se trouve. Entre ce que je n’ai pas réalisé et ce qui m’aurait été impossible de faire, l’inséparabilité de ces perspectives conditionne mes réalisations. J’oscille entre contradiction et paradoxe. Il m’arrive parfois de me jeter au-devant de tout principe cohérent et de désorganiser mon esprit face à l’imminence de l’acte. Sans savoir pourquoi, je déferle et me déboulonne, je m’active et patiente d’un élan farouche et cependant sans ambition. 

 

Il me plairait d’allier mon existence aux rayons de soleil qui transpercent les nuages. Je crois très sérieusement qu’il nous faut lécher la lumière pour parvenir à l’éblouissement. Ma raison épouse le plaisir qui ne tarit pas d’éloges sur sa suprématie. La vie est un chandail que nous tissons chaque jour, colmatant les brèches, ajustant la taille, reprisant sans cesse l’ouvrage pour finalement se dévêtir en quittant ce monde. On meurt toujours nu.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
A
C’est formidable d'être entre contradiction et paradoxe, c'est la vie ! Amitiés.
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