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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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19 juin 2015

La sagesse n’existe pas.

imagesEEQAJSKZToujours ce malheureux divorce avec la vie. Un frisson imprévu sur une eau calme, le cœur drogué par de malsaines pensées, j’avance d’un pas et recule de deux. Je marche avec la solitude et je fonds comme neige au soleil. L’exactitude me ronge, rien ne s’accomplit dans la conformité de mes songes. Je suis une goutte d’eau dans le bec d’un colibri lorsque la forêt s’enflamme. Parfois, je frappe à la porte d’un sourire, mais personne n’est là. 

La nécessité d’être lucide ne nous rend pas aveugles aux émotions qui caressent notre souhait de jouissance extrême. Durant notre existence, il y a tant de choses auxquelles nous devons faire confiance : l’arbre et le ruisseau, la neige et l’avalanche, la promesse épuisante et puis le raffut du noir lorsque, pressé, on grimpe les marches d’escalier.

La confiance ne provient pas des autres mais de notre faculté à nous entretenir hors du doute. Pour ne pas craindre, il faut être intime avec la peur. Une audace ne discute pas le prix de son destin, elle ose l’aventure. Une faiblesse ancienne mérite d’être revisitée car souvent on s’aperçoit qu’on la craignait plus que de raison. La cruelle réalité de la pensée repose en grande partie sur la façon que nous avons de voir le monde. La vie répond à la vie en la filtrant au gré de l’appréciation que l’on s’accorde. Il est si bon et si agréable de pouvoir dire : « cela m’est possible, oui, c’est possible ». Peut être, est-ce là une forme d’activation de la certitude. Quoiqu’il en soit, il me semble plus honnête d’accomplir ses choix en fonction de ses envies que de ses peurs.

Le bonheur navigue dans les stries du désir, mais je ne suis pas sûr, d’une part, qu’un même désir ne se représente pas plusieurs fois et, d’autre part, qu’il soit tout à la fois souhaité par le corps et l’esprit de la même manière. Je refuse d’être à la merci d’une accumulation de souhaits non étanchés. Cependant, l’ardeur est parfois souveraine et ma conscience capitule. Le libre choix se soumet à l’exaltation de mes sens. Je ne suis donc plus l’être pensant mais un simple assouvissement contrarié ou pas.

La sagesse n’existe pas. Tout au plus, nous convenons de faire l’impasse sur une jouissance particulière en nous convainquant que c’est mieux pour nous et pour notre devenir. Souvent cette attitude fabrique des nœuds à l’intérieur de nous-mêmes. Les anneaux de mes contrariétés cernent ma disponibilité au monde. Il est temps pour moi de dessiller mon regard et de relâcher tout ce que je ne conserve que pour moi.   

La Sagesse est un arbre sans fin où règnent les fourmis du désordre dans un déploiement infini. Chaque défi aiguisé s’épuise lamentablement avant d’aboutir dans ses bras percés. Trop de sentiments et de ressentiments m’éloignent d’elle. Jamais, je ne serai docile. Jamais, je ne saurai arrondir mes rêves comme des ballons de félicité dont mes mains lâcheraient la ficelle. La réalité est opaque, rien ne lui confère une juste traduction. Le déchiffrement du monde relève d’une illusion tonique et posturale. Je suis absolument incapable d’embrasser d’un seul baiser tout le silence du monde, le malheur commun, l’exil, l’errance, le désert et le sable, la source de joie, la soif et l’absolu à vivre. L’abus reste tapi dans l’ombre où il crache son absence.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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