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Bruno ODILE
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23 juin 2015

J’ai dans le cœur une fête perpétuelle que j’ignorais.

imagesGWXIIV0BJ’ai faim et le régime que je m’impose n’a de sens que pour la raison qui l’a souhaité. Je mange comme un goinfre et mon corps pâtit d’une surabondance. L’équilibre n’est pas une simple convenance et devient impératif pour tous ceux qui ne veulent pas marcher sur la tête. Faut-il altérer sa soif, sa faim, son désir ? Fusion, tu me tiens par la queue charnelle de la possession et je fais le paon devant la réciprocité. Qui que tu sois, dans le face-à-face intime, mon goudron d’apparat fond comme une solitude étouffée sous une serre. 

 

Se soumettre à des règles élémentaires d’hygiène est souvent une contrefaçon de nos instincts. La gloire de l’Homme repose alors sur l’emprise qu’il a sur lui-même, sur l’ordre qu’il réussi à conserver, sur son autonomie lui conférant une suprématie sur ses actes. Mais que devient la notion de bonheur dans tout cela ? Faut-il céder aux diverses tentations qui nous appellent ou ne s’autoriser que celles qui nous semblent être équitables pour notre être ? 

 

Faut-il également se satisfaire de petites joies alors que notre appétit est gargantuesque ? 

 

Sans un retour à soi plongeant tout au fond de nos cicatrices existentielles, il est improbable que nous puissions nous développer avec la pleine rassurance d’un corps bien fait avec une tête bien pleine. Par l’absurde, je dois admettre que l’opposition qui m’éprouve se situe entre ce que je veux et ce que je n’obtiens pas.  

 

A condition que l’inatteignable n’ait pas le visage d’une épreuve fondamentale, ces frontières anticipent une révolte sous-jacente. La ligne entre «vouloir» et «besoin» est floue, voire inexistante. L’existence ne correspond pas à ce que j’en attends. Mais, au fond, je ne sais pas vraiment ce qu’elle peut me donner. Que dois-je faire du libre espace demeurant entre ma conscience et mon imaginaire ? Dois-je m’affairer à rêver l’existence que j’aurais pu avoir ? Rien n’est moins sûr.  

 

Je cherche mon visage parmi les débris sur lesquels j’ai usé mes semelles. Parfois, tout me semble si éloigné de la vie que j’en deviens avide. Je m’épanouis dans le silence chaste de la promesse qui claque sur le perfectible de mon être. Je veux me rejoindre malgré les gravats qui retiennent la porte. Porté par une forme d’insouciance, je soulève le chapeau du jour et m’engaillardis de la lumière. Le cheminement fugitif s’effectue entre angoisse et curiosité mais la confrontation est inévitable. Enfant déjà, je portais la lune au-dessus des quilles qui s’effondraient dans la grande mare du désappointement et le miroir du ciel reflétait la multitude de chemins possibles pour accéder à la clairière.  

 

« L’important n’est plus de courir pour faire quelque chose, mais de s’arrêter pour rêver, regarder le ciel, discuter avec un passant. C’est respirer l’odeur du café qui s’insinue dans celle du désinfectant, sentir son corps, échanger avec les yeux… Retrouver ce temps d’enfance, c’est comme lire un poème ». Danielle THIEBAUD.

 

Assailli d’ombres et de marécages, je pénètre dans l’anneau boueux où réside mon inconsistance. Amour et douceur de vivre laissent croire au paradis et je ne sais plus quelle place peut conserver l’image immobile où se concentre le voyage intérieur. L’utopie transfigure la perception que j’ai du réel. J’épouse l’identité du trajet lui-même et je perds la trace de mes pas. La beauté n’est plus un signe ignoré, elle arpente, invisible, tous les horizons où ma conscience s’ébahit. Mon cheminement dans la brume me dispense de fuir. J’ai dans le cœur une fête perpétuelle que j’ignorais. L’objectivité est un but à atteindre mais la joie n’est pas une attente sans issue. Rien n’est parfait, pas même la rage d’exister. Dans son erreur fondamentale, l’existence pleure sur son sort mais le goût de la joie me donne envie de persister.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
L
L'important n'est pas de trébucher, mais de se relever et de poursuivre sa route. Merci, Sedna, de ta lecture.
S
Une introspection très belle à suivre. Le chemin des envies est parfois plein d'ornières mais il vaut mieux trébucher que de tomber dans l'abime du vide où rien ne se passe.
A
J'étais certaine que cette fête existait ! Amitiés.
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