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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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28 juin 2015

RésonNances (20)

imagesJCV8Z5LD            Quelle voix surgit près de moi ? Quel gémissement titille mon oreille ?

 

Dans le silence du monde, on entend battre son cœur. Il y a une vie derrière les paroles, au fond de chaque mot, une histoire se trame. Comme une bougie sous un abat-jour, comme un grain de lumière sous la porte, comme le masque tenu devant le visage vivant, l’ombre absorbe la fièvre fissurant les limites de nos impuissances. 

 

L’inconnu est douleur pour l’esprit assaillant notre corps. Rien ne nous est vraiment inconnu en dehors de l’impact avec l’infini. Nos gestes sont des points, nos rires des virgules et nos volontés des guillemets ouverts sur l’horizon. Tous les mots sont rangés dans la même pataugeoire. Nos voix sont des signes dictés par le goutte à goutte de ce qui se meurt à l’intérieur de la chair.

 

                                                       Jamais assez de nudité pour étreindre le vide. Toujours cette fosse terrifiante protégeant la raison. L’assise fortifiée repose l’esprit volage. La folie et le discours pur se mélangent, s’entrechoquent et se dispersent. 

 

L’amour, la haine et la colère acculés au persistant devenir, le rêve enveloppe doucement l’encéphale brûlant et apaise, un instant, les méandres entrouverts de la direction. Où aller ? Où marcher ? Toutes les routes s’offrent aux pas. Laquelle, derrière les digues atterrées de la raison, pourvoira à l’accomplissement de la découverte heureuse ?

 

Assez de retour sur soi, de sondages introspectifs hasardeux, je veux être une corde vocale dans l’apesanteur des trous du ciel. Ce que mes yeux ne voient pas, mes sens l’évalue avec plus ou moins d’à-propos. Je connais le sommeil qui distance, l’heure affriolante de l’intervalle juteux. Un geste, un trajet, un estuaire, un delta, un lieu d’explosion ravive toutes les espérances. 

 

               On ne peut porter à son cou toutes les misères du monde. Ma conscience aggrave mes peines. Trop de lucidité accable la réalité de multiples fardeaux. Seul, je chavire déjà à mes propres faiblesses. Une poignée de clarté dans la voix orienterait le silence vers d’autres contrées, dans un espace où les formes déconcertantes de la parole s’éteignent sitôt le souffle recraché par la poitrine. 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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