Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bruno ODILE
Archives
Publicité
Bruno ODILE
Visiteurs
Depuis la création 46 183
Derniers commentaires
9 juillet 2015

RésonNances (1/3)

imagesWWSA7BG6Il faut revenir exalter la peau mûrie par de longues pensées inachevées.  

 

 

Il faut reconstruire la halte mélancolique dans laquelle on a tout abandonné : l’épreuve blessante et ses ruisseaux de peine, l’échec monotone et ses tourbillons aiguisés comme les bords tranchants d’une falaise.  

 

                     L’innocence ne connaît pas le malaise des jours meurtris.  

 

Désarmé et fébrile, on l’était déjà bien avant l’existence.  

 

Une vie entière à écouter en soi les oracles lointains, les troubadours de l’excellence et, si peu de murmures vivants revenus de là-bas.  

 

Nulle part l’écho fragile d’un cœur solitaire.  

 

Nulle part l’impuissance avouée de l’aveuglement. Un seul monde pour des millions d’affamés. Une seule terre pour des milliers de bouches ouvertes.  

 

                       Je n’en peux plus d’être muré dans une symphonie superficielle et sans limite. 

 

Il est nécessaire de faire et de tout dire, de recommencer, de répéter le chemin recouvert de désirs avortés. Tout commence dans l’ombre des forêts, dans l’obscurité de la sève de nos rêves les plus secrets.  

 

                                           L'odeur herbeuse s'éveillant après le frais passage de la pluie printanière nous rappelle la promesse des fleurs et le velours des couleurs calfeutrées au fond de nos poitrines.  

 

Dans l’ombre voisine, une femme, mi herbe fanée, mi rêve urticant, se redresse. Une mère de lumière douce traverse mes paradis perdus.  

 

Rien ne guérit, tout se soigne : la hache des heures chagrines perd son manche dans l’eau pure de nos sources cachées.  

 

               Depuis si longtemps, nous pouvons croire à la joie paisible de ce corps qui est le nôtre.  

 

Dans l’invisible couleur du temps, nous sommes tous semblables. Tous prompt à la caresse éternelle d’un fil d’argent.  

 

La distinction s’opère dans le lent parcours de la lumière. Une étincelle puis une autre illuminent peu à peu le fond de nos rétines où s’est assoupit le monde.  

 

Il est même des jours où l’éclair nous emporte plus loin que notre passé et où la vie se répète sans compter.  

 

 

*****

 

 

Vivre « sans pourquoi* » nous dit Alexandre JOLLIEN. Voilà la raison qui abdique face à la volupté de ne plus être assiégé par le regard des autres. *(Vivre sans pourquoi, édition du Seuil 2015.)  

 

Dans le fourbi d’un sang peureux, trop de protections m’empoisonnent. Mon existence ne se pose pas de question, elle vit de ce qu’elle est, comme elle est. Elle apprécie et elle souffre, mais jamais ne se limite stricto sensu aux nécessités biologiques.  

 

                Le verbe oublier à tous les temps et tous les modes demeure le seul rescapé d’une vie de naufrages incessants. 

 

Tout cachoute dans ma bouche, tout est casquette dans ma tête. Bonheur simple et revigorant, petits signes de la vie repue avant la sieste, il me plairait de prendre le temps, de m’asseoir à vos côtés, de laisser venir la caresse de la bise.       

 

         J’habite au bord de la mer et le bruit des vagues est si proche qu’il me laisse croire que j’ai les pieds dans l’eau. Dans l’enfeu cinglant de la vitalité, ma chair s’endort au-devant de l’écluse. Mes rêves crachotent sur la dentelle d’écume où la vaillance se raye.   

 

Tout comme le vent s’habitue aux dédales de l’air, je me suis accoutumé aux tempêtes qui broussent mon sang. Je renonce à l’humidité qui rouille la clairvoyance de mon esprit. Les doigts moites de condescendance, j’écris mon corps avec le fer du grillage qui m’entoure.         

 

               L’espoir de vivre en titillant la sobriété de l’espace affranchi est un jet d’eau sur le bec de la fontaine.  

 

Demain commence aujourd’hui. 

Demain, c’est une multitude d’échos dans les brouillons de vie immédiate. C’est un présent déjà éculé par la puissance des projections.  

 

                                     Parce que je suis imparfait, il m’est toujours possible d’entrevoir le sourire d’un autre monde. La vie me retient dans le trait léger de ses paroles et je claque comme une feuille blanche sous un coup de fouet.  

 

J’ai l’ardeur de la nuit sur la langue et le transit intermittent de la beauté coincé dans les voiles d’une ruine résurgente.      

 

Il est des jours où l’on ne supporte plus cet étranger logé en nous-mêmes. Ce monsieur tout-le-monde repenti aux politesses usuelles, aux sourires persifleurs taillant dans la masse, aux parades hypocrites lâchées à la face du jour.  

 

               Il est des moments où j’exècre mon propre sang, où j’abomine mes sueurs intimes et les mots rasants l’ombre désappointée.  

 

Je me désapprouve et le déni ressenti m’insupporte.  

 

Je voudrais être un autre, je voudrais être moi-même, mais rien ne s’accorde et je m’évanouis dans la fosse commune des préjugés de toutes sortes.  

 

Petites cloques humaines, nous sommes l’irritation dévoilée aux ravines de la conscience.  

 

Nous n’avons d’autres recours que celui d’aller vers l’inlassable va-et-vient de l’alphabet du silence. 

 

 

*****

 

 

 

imagesY83TR5S9

                               Le lapsus est le bras droit de la raison pragmatique. Le ciel se conjugue avec la mer et tout s’évanoui sur l’horizon uniforme.  

 

Manchot, je fréquente les églises sans bénitier. Aveugle, je cours l'horizon à la recherche de l'origine du temps qui pourrait me servir de canne.  

 

                               Toutes mes vétilles s’enfoncent apeurées dans cette main d’entente parodique. Je suis liquide dans la goutte de rosée et je cours dans le vent que je respire.  

 

Mais après tout, quelle importance ? N’être rien est sans doute la panacée de l’amorphe matière qui me travaille. Je me vide et je me remplis au gré des marées de fumées traversières.  

 

Je suis et ne suis pas cet instant ouvert au monde, ce lance-pierre dans le secret des marges. Arriverai-je, un jour, à puiser un tasseau d’amour propre, un fragment d’émotion pure dans la tirelire du bonheur ?  

 

                Dans la maison de paille de mon enfance, des cris et des jouxtes pisseuses s’envolent avec la poussière.  

 

Dans l’escarbille remuée, l’empreinte de l’aurore a bu maintes fois la tasse. Les jours paresseux ont stigmatisés la chute des vagues sur des lagunes sauvages.  

 

A présent, il m’importe de retrouver ces gouffres d’eau luisant d’austères bravades. J’ai laissé là-bas un langage pourpre, une voix humide trempée de signes lapidaires.  

 

                                          La fissure de l’innocence a le goût du sel dans la rougeur des voûtes se ramifiant à la nuit clémente.  

 

J’ai conservé dans un coin de mes yeux l’air bleu tapissant le sol à travers les branchages.  

 

Une bulle de nostalgie s’évapore sur la cornée. L’invisible buée trace des chemins oubliés au cœur de la clarté et de ses chemins de patience.   

 

J’ai oublié le premier éclat de la douleur. Il me sépare de la désolation puérile et me retient éloigné du grand chambardement des ondes sensuelles. 

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité