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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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18 novembre 2015

L’amour, c’est la prévalence de l’émotion sur la pensée.

sans_titreA ce jour, je ne sais toujours pas les raisons qui activent mon gouvernail vers un idéal d’indépendance qui t’englobe. Je ne sais pas, non plus, ce qui arbitre la loyauté et la fidélité à nous survivre les uns aux autres. L’enfance succédant à la mort, ou inversement. Le chemin en forme de couronne se parcourt de bout en bout sans que nous chutions hors des éclairs qui nous portent. La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit.

Que m’importe les causes, elles sont trop nombreuses. Que m’importe l’alignement des pierres tombales et les allées qui se croisent à n’en plus finir pour se perdre dans un dédale de silence poisseux. Ma conscience de vivre n’est pas plus élevée que celle de te survivre. On n’en finit pas de mourir, autrement que de revivre par l’intermédiaire des vivants qui nous déterrent par leurs pensées, leur affection et leur amour. Tu es encore là dans ce sentiment toujours actif qui t’anime et te réanime. Malgré tout et malgré moi. Davantage en paix avec l’inconnu, j’improvise un feu de camp sur les remparts de l’émotion qui te guette.

- Va-t-en Satan, t’es mort !…

Interjection que nous formulions enfant lorsque nous faisions, en jouant, un pistolet de nos doigts : « T’es mort ! T’es plus là ! ». Rappelle-toi, nous sommes les comédiens de nos réalités, nous sommes l’objet des canulars et des supercheries de nos rêves. Nous faisions le mort par pur jeu et, par délicatesse, nous ne feignions la vie que quelques instants. Puis, nous nous relevions satisfaits d’avoir dupés volontairement l’esprit de mesure.

Tu vois, tu n’as pas fini d’être vivante. Tu te déroules comme une vague, renouvelée par chaque frisson d’eau. Ici et maintenant, j’imagine encore tes sourires, tes plaintes murmurées et je te maintiens dans le vivant par delà les bouffées légères du monde. Je t’ai enterrée sous ma peau parce que je suis ton plus grand cimetière. Tu t’es déposée dans ma chair et ses cratères. Pour t’accueillir, j’ai construis des vallées capitonnées de lavande et j’ai déboutonné mon cœur pour te donner de la lumière. Je t’ai fait une place et ta présence est devenue le tatouage que mon sang recouvre après chaque respiration. C’est pourquoi, il n’y a d’éternité que le souvenir que l’on conserve en soi. Tout le reste n’est que spéculation.

Nos galères flottent plus haut, au-delà du simple et banal océan de nos besoins, au-delà de nos assujettissements à la contention de nos êtres et à la véhémence de nos troubles. Elles voguent de cœur en cœur, d’amour en amour, jusqu’au précipice définitif de l’oubli. Le désir succombe toujours à la joie qu’il procure. Et avec le temps, la joie cède à la nostalgie surannée. Elle arrache à l’astreinte de la souffrance les graines qui portent ton nom. Ta présence est un reliquat de tristesse ineffaçable portant l’auréole de nos sentiments. L’amour, c’est la prévalence de l’émotion sur la pensée. C’est le désespoir coloré du rouge de nos sources visibles. C’est une embuscade à la raison où pleut le déluge de nos propres rétentions.

L’énergie du vide serait-elle le support de la matière du cœur ? Ma vie toute entière enfante des tourbillons inoccupés. Des vibrations indécelables laissent flotter ma mémoire entre le vécu et l’avenir. Dans cette vie de hasard, est-ce le son d’une onde éternelle qui parvient à mon cœur ou bat-t-il à partir d’un songe figé d’éternité ? Un horizon virtuel découpe le noir de la nuit avec les ciseaux du cœur. Je filtre la lumière des méridiens invisibles qui portent ton visage jusqu’aux pieds de mon âme. On ne pourra jamais savoir qui du feu ou de la flamme a le plus d’importance, de créativité et de salut. Poussière sur la route, notre voyage se fait sous la lune, la marche à contre courant des esprits méthodiques. Mais, regarde, la mort n’a rien pris, n’a rien ôté. Tout mon être disponible t’a rejoint depuis toujours. Plus encore, il ne t’a jamais quitté. Je suis né avec toi présente dans mon berceau. Tu es encore là. Ce sont tes mains qui bordent mes jours. Ce sont tes lèvres qui, dans leur pyjama de coton, dorment dans ma bouche.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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