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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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14 février 2016

Le regard se confie à perte de vue.

Martinez_Nu_aux_yeux_clos1

 

 

Le regard grappille toutes les possibilités du langage. L’inventeur du mot et de son pépin assiège les sens roulés en boule.  

 

Il manque l’eau et la farine

sur la table des heures lourdes.

Une certitude néanmoins,

je suis la pente et la coulée d’une rumeur de sang.

Je crois le rouge épisode d’une vie terrestre

plus épais qu’un fardeau endolori par les siècles.  

 

Il me plairait de chasser cette deuxième peau recouvrant l’exigence qui imite l’écriture. Je reprends vie dans la proximité de l’odeur de la terre perdue.  

 

Une main ouverte est toujours la promesse d’un dialogue où se redessine le baiser volé aux pages de la beauté.  

 

Sans urgence, il faut semer, greffer, recouvrir la graine issue d’anciennes plantations. Sans devoir, il faut persister à percer le jour et le mettre à nu aux bords de ses précipices. Sans autres projets que ceux tatoués par l’immanence du présent, je bouffonne sur la boucle du temps infini. Je serpente autour d’une route ravaudée par d’innombrables raccourcis.  

 

J’entends ici, la voix qui retourne à la voix,

l’accent de la terre au sommet de ses capitales.

Convoyé par les assommantes brouettes du silence,

l’irruption d’un souffle approprié s’épand,

envers et contre tous,

comme un fumier fiévreux sur les landes généreuses

où s’épanchent les éclipses.   

 

Les mots s’écrivent en chapelets de sons vivants. Ils valsent, hésitent, fouettent l’air avant de se déployer comme des ogives retentissantes au contact.  

 

Certains sont des amarres, des cintres hissés pour tenir les voiles, d’autres ensemencent l’air qu’ils effleurent. Chacun d’eux transportent un peu de la terre qu’ils énoncent ou qu’ils dénoncent. Quelques-uns craquent comme un quignon de pain sous la dent. 

 

Les yeux sont faits pour rêver. Ils récitent des champs de lumière au cœur d’un ciel sans étoile. Ils offrent des croquis fragmentés entre l'illusion et la finitude. Des vents clandestins dépouillent l’horizon épithélial de la mémoire. 

 

Dans l’aube naissante chavirent les courses nocturnes inachevées. Une nuit entière à respirer l’écume sauvage d’autres évidences. Le noir qui console nos soifs a écrasé la voix du jour qui appelait.  

 

   Des mots sont restés derrière la porte.

   Face à l’impuissance des actes

   et des phrases emmêlées,

   mes songes se sont dissipés.

   Ce matin, je me réveille

   la tête pleine de brouillons.  

 

Plus profond encore, dans cette faille tambourinante, la vision du monde s’estropie et s’agenouille.  

 

Ne rien voir de cet atome porteur, de cet infinitésimal noyé dans la reproduction incessante. Aveugle, je m’élève d’un magma de mystères. Tout se déforme à l’immensité. Regarder en face revient à louvoyer dans ses peurs tenaces, avec une détresse à couper aux couteaux.  

 

Enfermé dans une chair respirante, je m’accorde avec le pressentiment d’un mouvement involontaire. A la surface d’un reflet d’eau miroite la solide incantation d’une solitude impuissante. 

 

Avec l’élan d’une fugue invertébrée, j’émancipe mes ongles en grattant le mur et la pierre. Je retourne à la vie par des chemins détournés. Je brosse et je fais reluire mon cœur sur les chemins croisés où j’avais laissé dans le miroir un éclat ardent de mes exigences à vivre. Je veux passer et rendre grâce. Je veux sentir l’épine de la rose griffer l’amitié rebelle où murissent les racines.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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L'espoir est une terre lointaine!
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