Décadence et recentrage. (3)
Un jour, une nuit, un instant, quand nous aurons défié tous les vents avec nos voilures trouées, quand nous aurons feint la noyade après chaque marée, nous redécouvrirons l’étincelle au fond de la besace de l’apesanteur. Alors nous réapprendrons à frotter deux pierres l’une contre l’autre comme au premier jour.
Faire silence pour être soi. Fringuer de ses fibres rougeoyantes, le corps déroule la voie offerte par l’existence dans l’omniprésence de ses doux bruits.
Ces murmures continus promènent sur le sable de nos fondements. Notre présence au monde imprègne les murs de notre cathédrale à paroles.
Le silence se situe aux frontières de la décadence qui obsède l’amour que l’on se porte. Tout devient un empire de brouhaha dans l’espace intime lorsque les mots nés de la pensée se déversent à l’extérieur de nous-mêmes.
La rue d’où je viens ressemble à un ruisseau, à un courant d’air traversant les fenêtres et les portes closes.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©