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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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29 juin 2016

Il y a encore les plis dans l’écume.

6047448Je ne veux rien détruire avec des suppositions. Je veux construire avec la flamme qui purifie. J’enjambe le néant, une fleur entre les lèvres. Le temps n’a plus d’importance. Je suis la réalité de mon rêve. Je mélange ma vie à la tienne. Tout le reste n’est plus qu’un pet de lumière dans l’obscurité silencieuse. Tu es mon sens unique, latéral et traversier. Mon issue à venir.

 

A peine plus loin, je suppose la portée d’une autre voie plus imprévisible. Mais, je n’ai plus peur de l’accouchement du provisoire. L’aube se lèvera et j’y serai. Désormais, nous sommes le monde. Le sol retentit sous nos pas. L’air nous complote quelques mélodies jusqu’à lors tenues en échec. Fragiles, nous irons parler à l’oreille du vulnérable et nous lui susurrerons : Nous sommes ce qui dure ! 

 

Je ne suis que ruine à reconstruire, que passé à surprendre. Ma vie est une lampe éprise du venin de la lumière. Une idée de nacre s’ajoute aux volutes. Tout est imprenable par delà la perfection de l’air. Je suis la distance et le rapprochement. Je loge au fond de ton cœur comme un feu que la mémoire réactive d’un seul coup de main. 

 

Je me lustre aux heures qui passent et j’attends. Je suis une statue sans visage mais la pierre crache mon nom. Je me guéris de l’immobilité par le mouvement. Et toi, tu tournes sans cesse autour de moi. Mon esprit piste tes remous. Je fleuve ta déroute. Je suis là ! Au milieu du rouge, un caillou, défait du roc, roule jusqu’à la rivière.

 

Rien de philosophique, juste mes sens pour extraire du temps l’orgie virtuelle qui remplit la coupelle du tendre.  

 

Il y a encore les plis dans l’écume. Sous nos yeux, il y a encore la plaie qui réclame le silence des orbes printaniers. Je dois taire mon propre bruit. Je dois plier sous la hauteur de l’ombre. J’aime à m’enfoncer dans la nuit qui te ressemble. Le chemin s’éclaire sur ton visage. Je touche la veste que tu portes. Je ne m’arrête pas. Je me faufile au fil du jour qui m’entraîne. Plus loin, je le sais, demeure une potence pour l’exil, une corde pour y pendre le souvenir. C’est dans cet exode que résiste la délivrance nouée au vin que nous avons bu.  

 

Je suis deux, l'enfant mort et l'avenir en gestation. Je suis le désespoir et l’accablement des bassesses de l’air. Je suis l’étrille des ombres dans l’acte terminé. Je suis une marmite bouillante dans les mains de l’heure évasive. Je suis la vapeur fondante qui ruisselle après toi.   

 

Nous sommes l’aveu du nombre qui officie comme un comptable sans émotion et qui nous accuse du découvert incalculable dont nous sommes responsables. Bien malgré nous. C'est un jeu pour adultes, une pratique interdite et pourtant courante, personne n'est innocent, personne n'est coupable. Tout le monde est mort de la vie qu’il a quittée. Tout le monde se retient aux cordes imaginaires qui glissent des rêves. Je vois des troupeaux de chevaux blancs galoper dans la plaine, les herbes hautes couchées par le vent, les montagnes rouges et le ciel bleu cobalt. C’est dans mon esprit un mythe solide et résistant, une contrepartie féroce, l'anéantissement des fêlures de l'enfance. 

 

Comme un baiser d’adieu qui termine l’insuffisance, l’avenir est brodé sur ta poitrine et sur tes hanches. Toujours l’être et l’avoir dans le parallèle des palpitations et des grelottements, toujours soi au bout du U de l’unisson, au diapason de la renverse. Tu es venue à moi de ton lointain sans mesure et sans frontière et voilà que nous dansons encore dans la disproportion des miroirs sans anses et des fenêtres sans cadres. Il ne reste rien. Il n’y a plus de battements de cœur, il n’y a plus de périls juteux à parcourir, il ne reste que la contorsion désabusée du déchirement.  

 

Imperturbable est la démesure du regret où croupissent les instants inaccomplis. Tout se perd dans le rouleau des comparaisons. 

 

Je sais bien que de nouvelles surprises m’attendent. Jusqu’à lors, l’étonnement s’était dérobé aux impatiences qui fleurissent dans l’obscurité. La fêlure par laquelle transite la surprise se moque d’un quelconque soulagement. Nous sommes des montgolfières bouffies du projet des grâces, des bontés d’amnistie alambiquée et nous suintons d’ivresses perdues. Nous occupons le corps de nos peines et la chair de nos espoirs. Nos vies ont parcouru les chicanes qui se dénouent au rayonnement brûlant des passions éruptives. Nos vignes n’ont rien connu des vendanges festives où chaque grain de raisin est la promesse gouleyante d’un breuvage riche en sucre et en tanin.  

 

Pourquoi ne pas vider les étoiles de leur lumière ? L’amour serait-il l’enfant de la mort qu’il serait le berceau indéfectible de la vie ! Ton départ a destitué la règle paresseuse de la fatalité. Chaque fois que je me retourne, c’est le sens de ma vie qui prend un autre visage. Mon feu brûle les fagots de mes incompétences. Mais après tout, un peu d’imperfection ne nuit pas à la beauté sombre du souvenir mort. 

 

Le temps se foudroie lui-même dans un cœur recouvert par le sanglot des anges. Dans le sang de ses heures, l’obsolescence berce le chagrin et nos grimpons sur des tours imaginaires. Tout ce que nous avons pensé est une fumée où les images défilent à vive allure. L’heure est une auge vide, une tasse de porcelaine qui se brise dés qu’on l’effleure. Le temps consacre à mon amour chaque seconde où la volonté se concentre sur sa chute.  

 

Il faudrait quitter ce monde, dans un orgasme. Comme l'air qui se perd dans le vent. Je suis sûr que la vie est dans le souffle. Dans la jouissance qu’il y a à sentir le monde. Je fais la course avec l’écume de ton corps et lorsque je viens le premier, il m’arrive d’entendre tes cendres chanter. Rêver l’instant précédent et y cueillir le suivant. Je ne connais rien d’autre que cette minuscule poussière d’amour qui me traverse.

 

Un front bleu délimite mon regard. Dans ma chair, je sens le frêle silence que tu occupes. Je vis ta disparition comme le soc de la charrue éventre la terre et la prépare au mariage avec le soleil. Je me sépare des cadences infernales de l’oubli. Je dors à l’intérieur de ton sourire. Il résonne comme un ruisseau où se réveille la clarté. 

 

Je n’écris plus pour délivrer la mémoire. Ma parole trace des signes sur l’air pour mieux pénétrer l’angle dans lequel tu t’es blottie. Écrire, c’est se désapproprier du feu qui est en soi. C’est s’abandonner à l’air, c’est outrepasser le cœur d’une tempête, c’est se résumer dans le souffle fluide de l’émancipation. Les mots nous jettent hors de nous-mêmes avec la furieuse envie de nous alléger.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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