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Bruno ODILE
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26 septembre 2016

Je dors dans une nuit filante sur l’oreiller de la vacuité.

13495154_270226176671038_8602985230473460010_nSextant à l’autre bout de la terre, l’amour gravite autour des forêts, d’arbre en arbre, de fruit en parfum. Le désir qui occupe mon esprit est de rendre le sentiment orgastique et végétal. Parce que l’image déstructurée est vite un fardeau, elle déglutie l’abusive place qu’elle occupe dans le regard. L’angoisse physique paralyse les pulsions narratives. Mon corps est une fin en soi. Tout naît et s’achève dans l’espace clos de la rétention forcée. L’ossature du Moi laudatif débride doucement la suffocation de l’humeur traumatisée.  

 

Derrière la flamboyance, l’oecuménie du sang flotte entre l’éblouissement et la torture. L’affection mijote dans la salive censurée par l’effroyable désir de la forme pure. L’amour ne se consomme pas. Invisible, il navigue d’un sanglot juteux jusqu’aux intrépides larmes du rire. Tout le territoire physique exhibé à la pâture des regards, s’enroule autour des foulards du cœur sensible. Il n’existe rien d’autre que de larges rues bordées d’arbres voluptueux et des voies sinueuses dont personne ne voit la fin. Rien ne s’accorde totalement par la pensée. Immaîtrisable, le sentiment influe sur la route qui s’avance et il courbe les branches comme une onde anonyme et sans teneur. La perception domine l’interprétation par l’esprit. Le cœur n’a pas d’ambition préméditée, il n’est qu’un outil pour sculpter la pierre, un créateur pour faire naître la beauté. C’est l’unique héritier de la permanence et il sait la vérité solitaire de sa propre vie. 

 

La diversité ne cesse de s’exprimer. Ton cœur est le mien ne connaissent pas les mêmes ombres. Ta ressemblance est une forme capricieuse qui se déploie et qui joue sur les miroirs aux alouettes imprudentes. La certitude est une vapeur d’eau infiltrant la chair repue, et non une consigne inébranlable. Différentes odeurs s’empilent sur l’aurore avant de donner naissance à une multitude de parfums uniques. Hors de tout champ de vision, mes pensées cristallisent le présent immobile. Je borde la joie morte sur la cloison des ténèbres. Trop loin ou trop près, l’existence repose sur l’écran fissuré des voyances artificielles.  

 

L’amour est une irruption, une secousse, une lave glissante de toutes parts sur les pentes qui rejoignent nos plaines. Partout où son jet s’est répandu, la terre s’est brûlée et la chair du monde n’est plus la même. Partout où le feu connaît son paroxysme, l’étendue est définitivement taguée par la cicatrice indélébile de la tendresse. La différence qui nous déchire n’est autre qu’une perception individuelle impossible à partager. Aller au-delà, nous fragmente et nous désunit. Ma liberté d’être est déchaînée, mais égarée et sans limite. Je dors dans une nuit filante sur l’oreiller de la vacuité. La lune occupe le désert brisé et la cassure s’immole dans un ciel qui vacille.  

 

La diversité est un enjeu pour l’unité. Sans arbre, pas de forêts. Sans chair vivante, pas de pronostic possible sur l’idéal. Absolutistes invétérés, nos désirs crapotent et nos corps se décalottent. L’ardeur complice que nous portons au-dessus de nos cœurs enflamme notre quotidien en oubliant la prière qui les a fait naître. Mon corps n’a plus que des élans fantômes et je ne céderai pas aux tentations qui le démembrent autrement que par la convoitise de la beauté. Je veux parler de cette beauté intrinsèque qui rayonne dans notre sang avant qu’elle ne connaisse la respiration de la lumière. Mon corps est songeur et mon esprit éclaté. La pensée a besoin de matière pour asseoir ses troubles. Nous sommes deux.  

 

La rencontre édifiante s’insurge contre la monotonie du quotidien. Tu es autre et pourtant tu corrobores le reflet de lumière auquel j’aspire. L’handicap de la langue et des mots est dépassé par l’hégémonie des sens. Tout tremble, dedans comme dehors. Ta différence est la chute inespérée où se rejoignent nos lignes d’eau et de cœur. Ce qui, en apparence, me manque, tu l’as ensemencé dans le creux de ton ruisseau incolore. 

 

Chaque rencontre modifie notre parcours. Dans le berceau des signes aléatoires, l’analogie du regard virevolte avec la conscience collective. Nos ressemblances, tes dix doigts, ton nez et ton visage, ne sont pas le signe d’un accord parfait bien qu’ils s’échappent de la même source. L’échange est souvent le fruit d’une collaboration éphémère et fugace. Le langage nous ficelle trop à d’absurdes connivences. Les vraies rencontres ne s’opèrent pas dans la discorde latente. La parole s’éprouve de ses dysharmonies. Que tu cries ou que tu chantes, il est capital que la réception ne soit pas le vent décollé à l’azur. C’est dans le silence des cœurs que nos élans sont les plus téméraires et les plus vaillants. La complicité de la pierre et de l’herbe, du soleil et du champ de tournesol, voilà le liant qui semble défaire les barreaux de la cage où nous sommes chacun oursifiés dans nos forêts intimes. 

 

Je ne sais si… les mots qui me viennent sont des rats de fond de cales, s’ils outrepassent la condition des raisons assermentées et si le jour qui se construit sur ma langue ne s’échouera pas sur les marées du contresens. Le silence est resté accroché sur les vestiges des fonds marins où des algues dansent comme une tribu ancestrale. Tout à l’heure, rien n’était plus comme avant et à présent tout lui ressemble. Je suis nu sous les décombres qui me tiennent lieu de veste. Je suis dans le trou, dans la béance conjoncturelle. C’est toujours dans les bas-fonds que l’idée de remonter a le plus de vigueur.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
L
En ayant le livre, j'apprécie la chute de ce passage à chaque fois que mes yeux se portent dessus. Ca sonne hyper bien à lire tout haut. Exacte, il se cache toujours de beaux trésors dans les bas-fonds de la vie !
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