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Bruno ODILE
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15 novembre 2016

Enfin, lentement.

13511024_270251193335203_3536447761583129747_nIl faut sortir de l’urgence et du répit fiévreux pour se perdre dans la respiration de l’herbe tendre. Il faut s’extirper du cri où sommeille l’enfant que nous avons été.

Il faut décroiser l’aube de son obscurité posée sur la ligne suivante. 

 

Ne rien attendre sinon l’extensive marche vers l’autre. Ne rien façonner dans la minceur de la cendre. Ne pas se perdre dans la somme identitaire de ce que l’on est. 

 

Cœur aveugle sur une pente glissante, ballotage défavorable du sentiment brouillon, tout se cache dans le jaillissement des rayons de lumière. A l’improviste, le pilote automatique se déconnecte de toute emphase et il me laisse guider l’aube dégoulinant sous mes paupières. 

 

Je ne crains plus la chute dans ce territoire où la déception redouble d’intensité. Je redoute seulement le désespoir blotti sous la couverture imaginaire d’un paraître disgracieux. 

 

La décadence n’a pas d’odeur. Elle fatigue la clarté dans ses prismes belliqueux et l’obscurité nécrose les consciences pourtant affûtées par l’obèse réalité. L’on finit par croire que la terre, notre humble demeure, n’a pas assez de couverts pour inviter l’humanité à son banquet de beauté. 

 

J’accuse le jour fatigué de ses nuits blanches.

J’accuse l’insomnie récurrente pour sa contribution à d’hypothétiques aboutissements. Et je reste bloqué entre hier et demain comme un bourgeon rêveur d’expressions mesurant le temps écoulé. 

 

Tige verte traversant le sol,

respiration douce,

anneaux de couleurs,

corps aux allures d’un alphabet d’amour,

lèvres pansement, seins de lait,

cordon sécable de vie,

et puis tendresses à perte de vue…

Durant tout ce temps,

tu as tenu mon cœur sur la portée des étoiles. 

 

Mais, tu n’es plus là. Partie seule dans les contours de la clarté, tu me laisses tes croquis perforés de souvenirs étincelants. L’inconnu que tu me proposes endolorit toute introspection. Ma chair inquiète courtise le corps perdu en achevant sa caresse mélancolique.     

 

Aussi longtemps que la source reflue, tu marches sur ma neige. A l’apogée du pas sur la poudre blanche, tu esquisses le lien indicible de la promenade. L’empreinte éphémère s’est incrustée sur ma peau. Ton souffle mère a sillonné l’ombre docile jusqu’au purin de mes cris. 

 

Enkysté aux revers de ta silhouette,

ma respiration trépasse,

déconstruit, rompt avec l’existence

qui l’a précédée. 

 

Je dois trouver ma place dans le rassemblement et la diversité de tout l’excédent accumulé sur notre planète. Tout réside dans une certaine floculation des choses. L’expérience qui me nourrit parfois me désarme tant qu’elle assiège l’ombre où je rêve. 

 

Dans la faillite du temps observé, la parole s’ingénue à temporiser le silence. Fumée au cœur du dire, elle exclame la rigueur monotone du quotidien et parfois éclaire la sensation d’une parenté heureuse. 

 

Ecartelé entre un monde qui s’écroule et l’optimisme d’une surréalité subversive, je gratte mon cerveau comme pour mieux déchirer la fine couche de l’inconscient. Seule compte la présence affirmée. Seule témoigne l’heure où la lumière se couche pour reverdir l’espace entre les mots. Aussi déterminé que la mort souveraine, des mots cloués sur les lézardes de la Nature ravivent l’éclat des verbes échoués comme des ancres au fond des mers. 

 

Il faut si peu pour que le souffle rehausse la tête. Les mots chargés de raisins et de pommes grimpent aisément jusqu’aux gorges enflammées. 

 

L’air, dans sa cellule griffée, se répand volontiers au-dessus des roses sauvages surgissant d’une alcôve plus profonde. 

 

Lorsqu’une pensée douce touche l’âme et s’y égrène, la perception du monde engendre une faille qui échappe à la rugueuse tristesse des rameaux de la raison. 

 

Doucement, lentement, une immanente beauté transmue toutes les énergies de la patience pour atteindre la résonance infracassable de l’amour interrompu dans sa coulée débordante. 

 

Et sous le treillage du crépuscule des jours de friction, dans le brouillard des songes, un reflet de vie s’appuie fortement sur nos poitrines gorgées de tendresse. 

 

Aux sommets de nos jardins d’Eden,

l’amical éclaboussement du parfum de nos joies advient pour briser la faucille de l’innocence.  

 

Un instant, les rues ne savent plus où elles habitent. Un instant, les promesses de la lavande couchée dans les armoires ne sont plus que des rubans de parfums fanés. 

 

Partout. Partout, entends-tu vibrer, l’odeur du sang démoulée de sa cangue originelle ? Elle désencombre tous les artifices et elle ouvre de larges baies qui émergent du rivage des sons de la perception. 

 

Me voilà prestement assis dans l’oubli où je peaufine le gai savoir de l’émotion pure.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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