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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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21 décembre 2016

Mon fils, je ne saurais te dire.

13528961_270270213333301_2560266743285696509_nMon fils, je ne saurais te dire l’exaltation qui réprime l’angoisse comme l’eau sur le feu. Points de leurres ni de faussetés, la délivrance ne vient qu’à celui dont le fer a tordu les poignets et la langue. Le jour détruit encourage les combats et l’engagement forcené qui déchire nos âmes et nos corps. Nos faiblesses sont des galles ayant incubé de longue date et leur façon de se répandre frôlent l’épidémie, la contagion funeste.

 

C’est l’espoir qui renouvelle chaque jour et non le contraire. Vaincus, nous le sommes chaque soir. Chaque nuit nous ouvre à l’hospice de la charité. Dans le noir, nous veillons nos corps de misère et nous réparons les dommages de notre folie à vouloir refaire le monde qui ne nous appartient pas. Funambules crédules et incompétents, nous délirons dans un sommeil de paille. Et chaque jour relancera l’incendie de l’inconnu. Pour toi, j’ai décoché le râle resplendissant des heures surchargées d’inconfort. J’ai renoncé à la fuite dans la plaine luxuriante du laisser-aller. Je te le dis : je reste avec toi pour essayer de t’accompagner de mon mieux.

 

Dans l’ombre morne s’enfonce, mélancolique, l’ultime résonance de la chute que je me refuse. Une grêle cristalline assourdit la flaque prétentieuse où baigne ma vanité. Tous les orages que j’ai traversés parmi les passages étroits de la plainte ont tari l’alambic dans les profondeurs du moi. La sagesse est ingrate lorsqu’elle refuse à l’expérience l’empilement des actes dans l’unité d’un seul corps. L’ego dans les souliers, la marche amicale de l’identité légitime empiète les forces universelles. Je reviens de trop loin pour t’apporter les conseils du druide de la raison. Je suis presque nu au sortir de ma grotte. Que pourrais-je te confier qui ne soit qu’insignifiance ? Mon cœur broute encore aux milles rêves inexploités par mon ignorance. Je suis à la fenêtre lorsque tu tombes dans la rue et que tu t’écorches le genou. Je suis dans l’automne stupide alors que tu cours avec le printemps joyeux aux ruisseaux gorgés d’eau et de savon.

 

Je porte le déguisement des hommes qui s’en vont au chantier, tête basse et mains matérielles. L’ingénuité se gaspille sous l’œil médusé de la continuité. Le temps passe et, dans l’air qui nous assaille, nous tenons le registre de nos souillures. Mon vécu se délabre dans la suite qui m’emporte.

 

Je me confonds aux rejetons des histoires malaxées avec l’héritage que je suis supposé perpétuer. Parfois, j’évolue dans la fixité relative et l’immobilisme idiomatique de toutes les unités. Dans la sueur dialectique, mon patois s’engorge et je prolonge la carence jusqu’aux frontières invisibles du néant qui me soumet. L’air de rien, tous les fantômes cachés dans la pierre nourrissent mes sens dans la déroute. Ma virtualité se tord au cœur d’une boue noire, aux pieds d’un cataclysme où les rêves disjonctent. Des poches sous les yeux, je parcours une route amputée de ses faire-valoir. Ce qui me domine n’a pas de nom. Je vacille d’une fatalité à une autre. L’extermination offerte par l’abîme récolte les débris de mes songes.

 

Folie sommaire ou acte de bravoure, des spasmes de sollicitude enraillent les processus nonchalants des pertes. Les merveilles de la terre flottent au-dessus de la mort promise. Une mélodie merveilleuse assèche la rivière des plaintes. Petites vagues de joie délicate, la cime des artifices renâcle sur le visage des amours pures. J’éclate dans un sourire, je ris et je pleure, ma chair repousse les cahiers de l’horreur. Je pâlis sur la trêve silencieuse qui bâillonne l’orage. Il neige une pluie de limons blancs sur mes déserts de pacotille. Je reste pur dans la fragilité des caresses insoupçonnées. L’aura d’un soleil perdu réchauffe la pensée égarée dans le grand sac de l’humanité. Des grelots de rires échappent aux distinctions angoissées. J’entends hurler l’essaim que la vie a planté dans mon sang. Nous sommes près de sept milliards à vivre dans la pandémie de nos brouillards de givre. 

 

Quel grand capharnaüm ! Nous habitons la turbulence autant qu’elle nous ajuste à ses reflux. Nous fécondons le surpeuplement avec l’arrogance des esprits enroués aux branches du vent. Cyniques apôtres de la raison humaine, nous conjuguons deux et deux aux discours solitaires. Nos mains sont de pieux atterrés et nos bouches envenimées crachent les clous de nos croyances. On ne devrait jamais s’arrêter de respirer avant d’avoir luxé nos âmes aux contreforts putrides de l’illusion. La grâce qui nous est tendue rechigne à se soumettre aux élans vindicatifs de la surenchère.

 

Plus et plus vont gratter le mur de l’amplitude et nos urgences dépolissent l’inachevé. Rien contre rien travaille à effacer l’ardeur de nos exploitations dominantes. Un seul trait d’amour et toutes les salves rugissantes glissent sous la barre noire. Je ne suis qu’un extrait de pluie, qu’une sueur vivante éprise d’asséchement. Je disparais de moi-même chaque fois que j’aborde la multitude. Je ne sais pas être un et un seul. Ma vie témoigne pour moi du grand lacet qui resserre la lumière dans la flamme d’une bougie. Je suis un dérangement perpétuellement dans le désordre des fanges qui me recouvrent. Je suis une étrangeté sans réponse qui cherche dans le hasard le salut de sa respiration. J’incarne la chaussette sèche dans la prairie verdoyante. Mon maître verbe est : recommencer. 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Et maintenant est venu le temps des voeux : alors, je te souhaite une heureuse année en espérant que la lumière fera reculer l'ombre partout.. dans ce monde devenu fou.
S
Je te souhaite de belles fêtes de fin d'année entouré de ceux que tu aimes
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