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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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26 décembre 2016

Pourquoi ne rien dire…

13529052_270212760005713_1292990112216727588_nPourquoi ne rien dire et ne pas laver de tout soupçon l’ingénierie où s’activent nos dépassements ? J’habite une irritation, un soufflet pour les braises rougeoyantes, un ciseau d’orage pour les ciels morcelés d’attente. Les failles qui nous augmentent ne se vident pas ; au contraire, elles se remplissent des laquais de la présomption et ils hantent tous nos paradis. Au cœur de l’homme, les ténèbres omniprésentes tancent comme des roseaux pliant sous le Mistral. 

 

Aspirées par les dédales de nos angoisses, nos clartés sont diffuses et intermittentes. La lumière demeure cependant notre pain immortel de jouvence. Il n’y a plus rien après son jet de blanc, mais sa présence éclaire la beauté au paroxysme de ses formes. La grâce, cette lueur émerveillée, c’est l’économie des lâchetés humaines ! Le grand tournant où l’on chavire idéalise les berges sur lesquelles nous pourrions alanguir nos révoltes et nos colères. Dans les vieux fourneaux de nos rêves, la transe obtempère. Au-dessus de nos têtes, elle flirte avec les lignes électriques dont nous sentons l’immatérielle énergie.  

 

Sous les chapiteaux communicants, une halte capitale s’épure et s’agrandit. Les mots ne cherchent plus à réparer, ils s’ébauchent et se livrent dans la parfaite surenchère du langage. Glacis d’excès, les dents de sirènes blasphématoires croquent l’esprit et nourrissent le sang. Pas une seule sentence ne pourrait mieux exercer l’excentricité de l’imperceptible. Il faut le dur labeur de la conscience pour échapper à l’illusion qui nous absorbe. 

 

Rien n’est jamais aussi sensible que la traduction de nos récits inexacts et fidèles. Ces strophes d’imaginaire font trembloter les instants de vérité et provoquent des collisions intempestives avec nos certitudes silencieuses. La dignité, ceinte d’âpres combats, recherche la douceur de l’oubli participatif et celle de l’absence réparatrice. Lâches, nous le sommes tous par les actes réprimés où s’amplifient nos déroutes. S’accueillir soi-même en son royaume ne néglige pas la part étrangère de notre identité. Il faut, parfois, en venir aux mains pour décoller son image du miroir.        

 

Du jamais au toujours, tout se tient. L’illusion est alors de ne pas croire à l’homogénéité du corps et de l’esprit. L’unité mise en doute surplombe le temps accompli. Incarner sa nature positive, cela implique de chacun de nous une alliance indétrônable avec ses propres réponses, ses positionnements et ses critiques. Parmi tous mes gestes, celui revendiquant la sincérité demeure le plus désinvolte. Il vrai, tout s’use et tu le sais très bien. En soi, l’’animal dominant est une bête de cirque, elle s’évertue à entretenir le spectacle comme pour éloigner le néant. Mais que pouvons-nous espérer d’autre ?  

 

La folie nous guette, indécente et mesquine, magicienne inopinée de nos courses intestines, la voilà s’esclaffant et se tordant de rire avant de se volatiliser. Mille fois, j’ai voulu pleurer et j’ai ri comme un perdu. Mille fois, au sortir du rêve, j’ai balayé ma nuit comme une dégringolade, comme l’on jouit de son imaginaire avant de le réfuter, de le contredire, de l’assombrir. Du repos, j’ai fait une trêve et, d’un salto vers l’inconnu, je trace ma drôle de route, peuplée d’instinctifs soubresauts et d’absolues rémanences. 

 

Nos chemins sont dans la lenteur et non dans la confusion des hommes. Nous nous promenons dans la retenue. Lettre après lettre, nous essayons d’écrire une liberté individuelle. Mais, ce mot de sept lettres s’efface si souvent qu’il nous faut entretenir le feu et remettre du bois après chaque nouvelle exploration. Notre amour est commun et singulier. Il nécessite l’entretien des voies fourragères et des chemins perdus. La liberté, nous l’écopons au fond de nos barques désuètes, elle reflète l’abondance de nos contraintes et de nos contradictions. La main tendue par Saint Augustin avec cette phrase « Aime, et fais ce que tu veux » se traduit dès à présent par « Aime, et fais ce que tu peux ».

 

J’aurais voulu t’éviter, à toi mon fils, la vision de ce monde cru et de ses perpétuelles agonies. J’aurais voulu que tu restes aveugle encore un moment. Que tu puisses ignorer la lourde épreuve des dominances discursives et des haines grégaires laminant les contours de nos sages écoulements. Mais, toujours ce vent d’urgence, ces tourbillons dans l’abîme de nos défaites. J’aurais tant voulu t’apprendre comment vivre sans rien dans cet horizon démuni.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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