Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bruno ODILE
Archives
Publicité
Bruno ODILE
Visiteurs
Depuis la création 46 183
Derniers commentaires
6 février 2017

Mon cœur est une membrane extensible. Il est une

13557801_270267380000251_6284274308817672479_nMon cœur est une membrane extensible. Il est une flaque d’eau où se reflète ton visage. Il va de courses en courses à travers les roseaux qui nous cachent partiellement. J’oscille toujours entre le trouble et la clarté aveuglante. Dans le brouillard de mes rêves, la durée qui m’échappe se féconde par intermittence. Je ne sens bien que ce que je connais déjà. Toute nouvelle découverte me laisse sans voix. Mon sang est un flot incompressible et je me noie dans chaque spasme. Une part d’inconnu m’émerveille, une autre me glace. Mon radeau d’ivresse pure dérive dans une nuit désaxée où vieille l’insomnie qui me consume comme une craie blanche. Mon instinct est une boussole disproportionnée. Des mots incarnent mon senti aussi indistinctement que l’écho du vacarme qui remonte de mon ventre. Ils n’ont de consistance que dans l’instant. Ils crient dans l’écriture que je pose et puis s’en retournent au silence d’une fin de jour. Ils couvent à l’intérieur d’un mirage de non-dits hurlants. 

 

Mes rêves sont toujours trop grands. Il m’est impossible de les combler entièrement. Je les laisse tranquillement s’endormir. Ils sommeillent dans mon crâne comme des veilleurs de sons, comme des consoles devenues obsolète dans la durée. Mon imaginaire est un amoncellement d’émotions rémanentes. Des brins d’herbes rencontrent des images confuses à l’intérieur d’un paysage sans cesse renouvelé. J’avance néanmoins. Je ne sais pas pourquoi, mais je marche sur le vide où je glisse comme sur de la glace. L’équilibre nécessite chez moi la détermination de la flamme passionnelle. Mon cœur est un moteur à quatre temps, une syncope vivaldienne, un hymne prolongé et irrésolu. Il becquette à tous les rendez-vous où l’audace l’emporte.  

 

L’ardeur singulière d’aimer se retrouve dans la plume qui écrit sur ta peau. Je rêve éveillé. Tes lèvres se collent doucement sur mon front. J’entends courir des chevaux dans l’ombre qui me suit. Mes pieds sont posés sur du sable. Je sens l’iode s’installer dans la sensualité de l’eau qui m’enveloppe. La mer, peu à peu, découd l’égoïsme qui m’étouffe. Je te ressens à mes extrémités comme une intime buée de sel fin qui se répand sur le gouffre de mes carences. Ton parfum épouse le mien et nos filtres sensitifs s’en vont danser la joie qui nous envahit. 

 

Le rêve se soumet au réel, sans quoi il voltigerait à mille lieux de mon présent. Une fois encore, seul l’immédiat me donne la sensation d’une forme de puissance sur mon être, sur mes actes et sur ma volonté. L’estime que je m’accorde évalue l’handicap qui me retient au plus profond de moi comme une pierre au fond d’un puits. J’ai besoin de la confrontation avec le monde qui m’entoure afin d’analyser plus précisément la déliquescence qui semble inonder mon existence. C’est le cœur menotté que j’avance vers la joie de vivre. Sans doute, j’oppose trop le plaisir quantifié à l’épreuve qu’il nécessite pour le sentir vibrer un peu partout dans mes veines. Et puis, le quotidien éprouve toutes les théories et il me faut accepter d’avancer sans me soucier de l’inconnu. Je marche à tâtons dans une vie qui n’est pas rêvée. Mon amour est le fils de mes illusions et du hasard. Les étoiles marines cohabitent avec celles du ciel. Partout, mon cœur a le ventre affamé des indigents. 

 

J’ai passé la nuit à remâcher l’image que j’ai de toi. Sur ma toile : une simple photo un peu passée et quelques mots partagés. Une nuit de transes, gloutonne d’émotions perceptibles.

 

J’ai bu à tes lèvres légèrement entrouvertes par où clapotaient les murmures anciens.

 

Des rêves légers ont forgé l’épreuve. Maintenant, je te vois par la fenêtre de mon ciel. Tu te tiens à l’écart, assise sur un nuage blanc. Tes mains me font des signes et appellent la lune. « Madame la lune soyez gentille, veuillez baisser votre lumière, je voudrais la pénombre pour me rapprocher discrètement », lui disais-tu. Je ne sais pas si elle t’a écoutée, mais j’ai senti ta bouche se poser doucement sur mon cœur.

 

J’ai passé la nuit dans les bras d’une Orphée espagnole. Elle dansait le flamenco, un feu de bois illuminait ses gestes. Deux étincelles joyeuses m’ont retiré aux cils mélancoliques et j’ai dormi dans les plis de tes soupirs.  

 

Penché sur la vieille commode du temps, j’attends derrière la fine membrane qui recouvre tes yeux. Dans chaque tiroir est rangé un aveu tendre que la lumière transperce. Nos cœurs effervescents sont des passeurs de mémoire. Et, je ne saurais pas dire le ferment et la ouate de tendresse prisonniers de notre vécu. 

 

Mes lèvres étaient jusqu’à présent des prières extensibles. Elles deviennent peu à peu la patrouille d’hirondelles réconciliant la terre et l’esprit. Je veux revenir à toi dans la douceur de la nuit chaleureuse. Et puis, prendre ta main, saisir tes hanches et fusionner dans l’éclair de nos ressemblances. Alors, nos caresses seront des paroles vivantes et nous tricoterons le silence dans la joie que procurent les sens lorsqu’ils s’élancent dans le vide.

 

Viens, allons, sont les seuls mots qui me restent. 

 

Je ne veux rien détruire avec des suppositions. Je veux construire avec la flamme qui purifie. J’enjambe le néant, une fleur entre les lèvres. Le temps n’a plus d’importance. Je suis la réalité de mon rêve. Je mélange ma vie à la tienne. Tout le reste n’est plus qu’un pet de lumière dans l’obscurité silencieuse. Tu es mon sens unique, latéral et traversier. Mon issue à venir.

 

A peine plus loin, je suppose la portée d’une autre voie plus imprévisible. Mais, je n’ai plus peur de l’accouchement du provisoire. L’aube se lèvera et j’y serai. Désormais, nous sommes le monde. Le sol retentit sous nos pas. L’air nous complote quelques mélodies jusqu’à lors tenues en échec. Fragiles, nous irons parler à l’oreille du vulnérable et nous lui susurrerons : Nous sommes ce qui dure ! 

 

Je ne suis que ruine à reconstruire, que passé à surprendre. Ma vie est une lampe éprise du venin de la lumière. Une idée de nacre s’ajoute aux volutes. Tout est imprenable par delà la perfection de l’air. Je suis la distance et le rapprochement. Je loge au fond de ton cœur comme un feu que la mémoire réactive d’un seul coup de main. 

 

Je me lustre aux heures qui passent et j’attends. Je suis une statue sans visage mais la pierre crache mon nom. Je me guéris de l’immobilité par le mouvement. Et toi, tu tournes sans cesse autour de moi. Mon esprit piste tes remous. Je fleuve ta déroute. Je suis là ! Au milieu du rouge, un caillou, défait du roc, roule jusqu’à la rivière.

 

Rien de philosophique, juste mes sens pour extraire du temps l’orgie virtuelle qui remplit la coupelle du tendre.  

 

Il y a encore les plis dans l’écume. Sous nos yeux, il y a encore la plaie qui réclame le silence des orbes printaniers. Je dois taire mon propre bruit. Je dois plier sous la hauteur de l’ombre. J’aime à m’enfoncer dans la nuit qui te ressemble. Le chemin s’éclaire sur ton visage. Je touche la veste que tu portes. Je ne m’arrête pas. Je me faufile au fil du jour qui m’entraîne. Plus loin, je le sais, demeure une potence pour l’exil, une corde pour y pendre le souvenir. C’est dans cet exode que résiste la délivrance nouée au vin que nous avons bu.  

 

Je suis deux, l'enfant mort et l'avenir en gestation. Je suis le désespoir et l’accablement des bassesses de l’air. Je suis l’étrille des ombres dans l’acte terminé. Je suis une marmite bouillante dans les mains de l’heure évasive. Je suis la vapeur fondante qui ruisselle après toi.   

 

Nous sommes l’aveu du nombre qui officie comme un comptable sans émotion et qui nous accuse du découvert incalculable dont nous sommes responsables. Bien malgré nous. C'est un jeu pour adultes, une pratique interdite et pourtant courante, personne n'est innocent, personne n'est coupable. Tout le monde est mort de la vie qu’il a quittée. Tout le monde se retient aux cordes imaginaires qui glissent des rêves. Je vois des troupeaux de chevaux blancs galoper dans la plaine, les herbes hautes couchées par le vent, les montagnes rouges et le ciel bleu cobalt. C’est dans mon esprit un mythe solide et résistant, une contrepartie féroce, l'anéantissement des fêlures de l'enfance.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité