Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bruno ODILE
Archives
Publicité
Bruno ODILE
Visiteurs
Depuis la création 46 183
Derniers commentaires
10 mars 2017

Une idée sur l’autre, la vie se perce.

b5bf87e453a591d73efddef4f0f6c1f899233095_1359057378_crop_2x3

L’écriture est une voie déshéritée, un mot de passe dénomenclaturé, une âme

dé-pensée et désétiquetée, un lot d’inquiétudes avide d’amour.

 

  La plume ne marche pas avec nous. Elle nous devance, décryptant les nœuds antagonistes qui nous précèdent.  

          Elle exprime l’inachevé galopant dans nos greniers à blé. Elle s’épuise à remonter de nos puits à charbon l’incandescence mutilée par d’obscures pensées. 

 

Tout s’échappe de la matière vivante, rien ne résiste à l’appel de la mort. Panier de grains percé, je dilapide l’anxiété collée sur les parois de mon existence. Soudain, le corps se fait violence. Il ausculte la masse spongieuse qui l’étrangle, il cherche dans le miroir de son sang l’alphabet premier où s’étanche une nappe de clarté.

 

Je grimpe et je descends

l’escalier d’une espérance décadente.

Et dans chaque pas accompli,

je formule le trouble et l’incohérence

qui accompagnent mon affolement.

 

     Sur la palissade obscure de la mémoire des mots de coton s’indignent de leur sort. L’ascension à l’envers m’oblige à aspirer l’air destitué qui loge mon terrier.

Vestiges d’une île perdue, les paroles s’égarent dans les vagues d’une expression décousue, renversée et gémissante.

 

Toutes les expressions sont bleues lorsqu’il s’agit de traduire les messages du ciel. Vertes lorsqu’elles évoquent le feuillage de l’acacia bredouillant un printemps précoce.

 

Terreau verbal, le dire frémissant de la langue perce les tympans de la maison qui nous accueille. Nos vies reflètent l’unité perdue au bout de chaque phrase. Elles témoignent d’une présence creusée dans l’immobilité des siècles.

 

Un zeste de vie gicle dans ce tourbillon de couleurs opiacées. Ce qui veillait encore cette nuit, rognant l’arbitraire de la lucidité, est désarçonné, émietté jusqu’à l’infini désastre du dire.

 

Ma langue berce le rêve des signes

favorisant le balancier de la lumière.

Dérivant sur la salive,

mon désir poursuit sa course.

Aux flambeaux de la dérive,

l’exil devient le seuil de chaque expérience.

 

     Je repeuplerai la main transparente

     où rebondit la pierre jetée sur la lampe liquéfiée.

Avec ma vie posée sur l’épaule des jours à venir,

je répondrai au sommeil qui guette les aurores fatiguées. Sur la nuque de la lune, je répandrai l’eau soufflée par mille bougies d’équinoxe. 

 

Sur les feuilles remuées par le vent, les mots puisés dans mon cœur se décolorent à la lenteur des labours de l’automne.

 

Mon corps ressent l’effritement vivifiant des assauts opiniâtres de la bourrasque des songes.

 

Je bredouille quelques révoltes irritantes. Je pataouète quelques rimes solaires de l’urticaire ambiant. Je décroche la parole des gouttes d’eau du larmier des nostalgies vindicatives.

 

                Ma langue est un essaim d’abeilles

au milieu d’une mêlée de phrases fraternelles.

     Il n’y a pas de salut possible

entre le désir de dire et la vanité de vouloir tout dire.

     A l’indéniable corrosion

     de la gravité de ce monde,

l’imperfection trouve l’audace de la discrétion.

 

L’épistolaire se dépote de la noirceur qui me piétine. J’entends revenir le dévorant murmure du son originel. J’apprends encore à apprivoiser les déraisons du plaisir. Derrière chaque joie un bruit caustique assaisonne l’air de toute sa violence.

 

  L’exubérance se dégorge sous la voute transparente de l’horizon. Le noir contient plus de vie qu’il n’y parait. Mais alors, saurais-je un jour piocher à ce flux rebroussé toute la brillante splendeur qui alimente mes fièvres ?

 

Une idée sur l’autre s’amasse concevant plus de douleur que de joie. Et la voix s’ajourne de tous les rituels. Elle dégorge les gouttières de l’Alter Ego.

 

Les mots intrusifs ne forment pas tous une phrase. Chaque ruisseau devient la branche morte d’une éternité désespérée.

 

       J’ai oublié dans la nuit profonde

toutes les allumettes de mon enfance.

       Dans ces miettes de clarté,

mon âme régurgite les fontaines pures

qui raclent la terre luisante et fraîche.

 

Avec l’hostie de la solitude intérieure, je mange la sauge salvatrice d’un paradis inaccessible. Moissonneur invétéré, je réinvente les syllabes minérales dans le souffle du vent et ses refrains à rebrousse-poil.   

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Oui, elle est parfois sauvage et indomptable et parfois douce sereine.
S
L'écriture franchit les frontières du néant.. Elle délivre, soumet,.. toutes sortes de sentiments et exalte l'inachevé.
Publicité