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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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23 mars 2017

Vers la tanière et vers le sang.

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Derrière le visage buriné des ombres, se restaurent les heures bleues de l’innocence. Sous le drap humide envahi par la buée des rêves, une étrange odeur marine remonte doucement la courbe des voyages imaginaires.

 

Deux gouttes d’eau squattent

une grange fumante

où scintillent des berceuses anciennes.

Un furtif barbotage,

presque enfantin,

se mêle aux fausses notes

qui séparent l’homme

et les plantes,

la vie et la part de sang.

 

Incessamment, je recouture tous les fils effilochés des semences arbitraires et je coupe les ongles aux mélancolies subversives. Partout rôde l’illusion d’être, le paraître qui émaille le réel. Alors, je détisse l’alphabet des toutes premières heures en écoutant sonner le grelot de sable au-dessus des ratures qui enjambent l’océan.

 

Vague après vague, le sel dépose sa lie sur l’étendoir des souvenirs. Mon sang est une prière liquide qui se hasarde dans les corridors où s’élèvent d’immenses falaises.

 

Voyageur sans complaisance, le verger dormant sous la mousse tricote en silence un abri pour l’irréparable blessure du temps.

 

Coupable de je ne sais quel délit,

le péché s’enlise dans la chair tremblante.

D’insensées et démoniaques fables arbitraires forgent, mot après mot, la pénitence.

Une ribambelle de pourparlers transgressifs

déchaussent le chaos de son gémissement.

 

Le feu sur les collines de l’été affûte les futures floraisons. Un printemps ivre de sève prépare la main du cueilleur de fruits.

 

Chaque branchage épluche ses racines au grand air des saisons. Sentinelle à l’appui des heures mortes et musicienne du silence, une nuit de lauriers bleus affiche sa révérence aux mots du toucher.

 

Dans le charnier des raisons douteuses murissent d’étranges fleurs édulcorant la confiance cachée dans le regard qui s’évade.

 

Je papillonne comme un serpentin le soir de fêtes bruyantes. Le terreau d’où je viens tourne les pages et le livre du monde s’écrit d’une foule de mains tendues.

 

L’accolade invisible des joues de la brume enfante une poignée de voix qui s’accrochent

aux phrases s’égouttant de leur résine neuve.

L’atome de vie s’éloigne des pas égarés pour rejoindre l’amour jaillissant du souffle des étoiles.

 

Parfois, l’existence n’est plus qu’un lieu de rengaines assourdissantes. Parfois, le vide s’écarte des niches où bourdonnent les abeilles et il bat de l’aile autour des rivières de miel.

 

J’avance alors la bouche pleine de muguet et les mains pénétrant le brouillard où dorment les oiseaux.

Il neige un duvet de pierre sur la rumeur d’un autre monde.

 

Et puis, le feu, récurent et toujours peuplé d’images. Le feu arque-bouté sur les rives du jour comme pour mieux désigner le remaillage du bois et de la cendre. 

 

Projetant l’écho intérieur

vers le tranchant sonore de l’air,

la voix contrarie les rêves,

et débusque la contrepèterie de l’imaginaire.

Des mots propulsés du givre brûlant

déjointent l’énergie

face aux accords véritables,

aux visages alliés des sens,

à ce qui est juste, ce qui est beau.

Dans cette enfance où se recrée le monde, l’émotion ressentie coulisse sur l’échelle vibratoire de la peau.

 

Rien ne s’achève après la parole.

Le temps s’essuie sur les margelles de l’infini,

puis il dépose sur le portrait des vivants

toute l’ombre tenue secrète

sous la voute des heures éphémères.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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