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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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25 mai 2017

A la litière du silence.

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  Mais où est la route ? Sinuosités et brouillards cachent l’horizon. Dois-je aller à droite, à gauche, tout

droit ? Rien n’est indiqué. Ma voix marche à travers champ et survole les langues de clôture et de mutilation.

 

        J’écris sur la tige du jour l’imprononçable bleuissement d’une existence retranchée dans une introspection maraîchère. J’ai quitté trop tôt la fragile beauté du ventre nourricier.

 

Ah ! Lâcher du lest. Dès à présent, il me faut apprendre pour de bon à me défaire de tous ses décombres qui craquent sous mes pieds. Je veux redevenir poussière et me désagréger de l’insolent parfum de le la vanité.

 

Survivant à l’incommensurable terreur de l’univers et à son éclatement, je ne peux me défaire de ses nœuds et de sa voracité.

 

          Dans son jaillissement gazeux, la lumière ne m’a pas reconnu pour autre chose qu’un tourbillon, qu’une bouffonnerie malicieuse et lamentable, tout à la fois.

 

Ni l’expérience, ni les souvenirs, rien ne justifie la raideur du vent traversant ma tête trouée. Aucune phrase, aucun ricanement ne parvient au sommet de mes ombres.

 

Je ne réfléchis sur rien, je m’agrippe juste à l’écho de mes ondes reflétant l’arrière-pensée.

 

Tout dort en paix dans l’ordre des choses. Toute la paix ressemble à la brièveté des miasmes intérieurs et extérieurs.

 

Oserais-je dire combien le silence, traité avec compassion, peut devenir la litière de quelques mots remplis d’amour.

 

              Je témoigne de l’irrégularité des sermons du sable, de la fertilité de l’incontrôlable et de la voracité irrépressible des mouettes au-dessus des mers lointaines.

 

          Hier encore, j’ai écouté la diseuse du labyrinthe temporel. Sa voix ravinée escaladait les coïncidences et elle était toujours dans un enchaînement enrôlé à l’adversité.

 

Elle a révoqué, puis s’est reporté sans relâche, afin de durer. Tatouée de bribes indéchiffrables, son accent continue de hanter le silence du monde.

 

 

*******

 

 

Je reste suspendu à la gangrène de l’attente. Les mots fusillent le vide qui m’entoure.

 

    Tiens-moi la main, la nuque et le bout de mes lèvres. Déposons ensemble les rivets de la brume dans l’auge fourmillante.

 

         L’inachevable ne sourcillera pas. L’heure se dévidera tranquillement sur les brouillons d’amertume et nous mâcherons ensemble les initiales de nos existences.

 

Nos bouches rétrécies ne lâcheront rien de plus. La vérité de la parole est toujours dans la rupture. Un chemin en dehors du chemin s’ignore. Nous voilà si loin de la grâce, nous voilà si près de la bonté du jour et de son ignorance.

 

      Sans doute, sommes-nous seulement des ébauches mal fagotées, des dessins effectués dans la hâte, de simples croquis dont la combustion précise la fumée.

 

          Hébétés, nous sillonnons dans les reflets agités de l’inquiétude et dans le frissellement de l’inconnu.

 

Mon royaume est un désert clos. Ma voix, une insolente.

 

            Comme un pêcheur isolé en pleine mer, je lance mes lignes hameçonnées d’une altérité et d’un devenir.

 

J’ouvre mes failles aux signes incomparables d’autres sources de vie. Je dois apprendre à m’enrichir au contact du signifiant et après l’évidence du signifié.

 

Il faut faire preuve de pugnacité au-delà du signe. Le graveur a perdu son latin dans l’étincellement d’une réalité ruinée. Le mot s’est dégoupillé par-delà la fraîcheur du désir.

 

             La parole est une matière inflammable. Elle détonne et creuse le berceau des ruisseaux. Elle effrite les soupirs dans la crinière de l’air.

 

          Invisible comme la patience du monde, elle tricote doucement la porcelaine calfeutrée sous la bougie de ma chair. Mes phrases ne sont que des cendres au pied de la mémoire.

 

Personne ne peut se dérober à la coulée de lumière qui nous traverse. Sans comprendre plus qu’il ne faut, on se risque à poser sur l’horizon gorgé d’obstacles la douleur qui nous ressemble.

 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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