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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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6 juillet 2017

Et toujours, cet enclos où dansent les ombres gitanes.

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Je me reconnais tout entier dans les plumes de l’oiseau qui s’évade. La fracture de l’air me laisse

supposer la présence d’une énergie inconsciente. Je crois reconnaître un lieu d’actions où je ne suis pas.

 

      Parallèlement, je crois mon esprit altéré et diminué dans la voix que j’occupe. Je parle de l’inconnu et les réseaux de l’ombre avalent mes paroles comme une tisane à peine infusée.

 

         La pensée en mouvements, je m’égare dans une brise perverse. Je divague dans la fièvre aspirante de la brume. Mes cordes vocales sont des violons parmi les algues ondulant sous la matière liquide.

 

Je radote en parlant le langage des signes. Je vibre et je tremblote comme une clôture de cyprès balayée par le Mistral.

 

                     Par l’esprit, je quitte la terre. Par la voix, je touche au sacré. La représentation que j’ai de moi-même inclut la justification de la nécessité.

 

Mon cœur respire dans la prière galopante et dans la mort rêveuse d’angles ouverts. D’un sanglot, je fais un navire. D’un sourire, je surfe sur la déconvenue du monde humain.

 

       Je cultive le thym et le romarin dans la plénitude de mon désert de nuit. J’interprète la résignation morbide de l’humain à manquer à sa vocation d’homme.

 

Je volute parmi les parfums d’une enfance tapie dans son terrier. Mille et un indices de ma naissance transcendent mon corps en une énergie gazeuse : je ne saurais maudire les étoiles millénaires ! Esclave d’un fil d’argent, j’adhère à la lumière ramifiant la douceur du jour à son contraste d’époustouflures.

 

     Chacun pourra voir s’agglutiner ces chimères froissées avant qu’elles ne se déguisent en anges farfadets dans un pays d’eaux vives et de broussailles.

 

    Et toujours, cet enclos de feuilles mortes où dansent les ombres gitanes. Non pas des corps véritables, mais de simples silhouettes entourant nos balafres vivantes.

 

        Et toujours, dans la grisaille désemparée, cette voix laiteuse cherchant la réjouissance et le réconfort dans les reflets d’un miroir fissuré.

 

             Couché contre la terre, j’écoute les cadavres au royaume des morts longeant de longs couloirs d’éternité. Pas une voix ne retentit. Rien. Même pas une réverbération du vide rejaillissant sur la face du jour.

 

Des os blancs, plus blanc que le temps inanimé, jactent un langage de faux jour sous la trappe d’un fleuve engorgé par la fièvre des pas que l’on entend par-dessus.

 

     Mon oreille collée à l’herbe se laisse surprendre par le gémissement des boutures qui n’arrivent pas à éclore. Langues de feu dans une cendre fendue, la mémoire des fissures noires hésite à renaître d’un ultime désir.

 

              Marcher sans fin vers la dépossession, jusqu’à ce qui reste innommé soit putréfié. Bouche folle, ouverte ou close, il te faut abdiquer sous la charge épouvantable du galop des doutes.

 

                       Une nuée de questions nous égare. Nos cœurs s’attisent à l’autre bout de la ligne.

 

J’ai perdu l’écho de la peur sur les mains du jour. Malin qui me dira l’alphabet que cache ce mur bleu.

 

           Tout azimut, la résonance redresse l’air contre lequel mon verbiage s’est adossé.

 

Des blablas ininterrompus interceptent la fureur de te dire combien j’aime la vie que j’occupe malgré l’insoutenable vulnérabilité de ma conscience.

 

                     J’ai essoré mon âme avec des torchons sales. Je n’ai à présent qu’un fagot de linge dispersé dans l’inconnu.

 

         Quelques fables humanisées traversent mon esprit avant de se dissiper dans le néant. J’aime les voix perdues lorsqu’elles tissent les murmures anciens des vagues mourantes sur le rocher.

 

     Quoique je ne sache plus reconnaître l’aube penchée sur elle-même, j’insiste. Dans l’absolu, l’incertain demeure le plus certain.

 

Je souligne le battement réfugié dans l’obscur, l’air froid sur la bouche et la parole autoritaire.

 

Ma voix tourne sans fin sur elle-même, vive et râpeuse, cherchant de nouveaux maîtres, de nouvelles auréoles. Je ne sais rien du juste usage de la transparence.

 

          Je marche encore dans le jaune du jour sans plus savoir ce qui m’attend. C’est comme si dehors avait toute l’emprise sur l’aiguille du temps mais je n’ai plus d’étalon pour mesurer la distance qui se glisse dans mes paroles.

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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