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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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13 juillet 2017

L’accostage aux nuées.

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               Ce matin, je suis posté à l’orée d’un bois suspendu au silence. Je parle à voix basse pour entendre

l’écho des pies jacassières et le roucoulement des pigeons. Dans les arbres voisins, les oiseaux piaillent si fort que mes petits murmures glissent sur l’air sans le toucher.

 

Des mots vides, des mots pleins, des chapelets de souvenirs discrets, des phrases inquiètes au bout de langues lucides, toute une panoplie de sons brinquebalant sur une portée de chair.

 

            J’ausculte le jour, encore vêtu d’un maillot de corp, grimpant doucement au créneau de l’insignifiance.

 

Ce qui meurt en moi ouvre la porte à d’autres naissances. Je suis une lampe qui s’allume et s’éteint, je suis le doute et l’errance, l’exaltation accablante de la surcharge d’un réel que le poids du virtuel assomme.

 

L’existence, dans son ensemble, ne m’a pas convaincu du meilleur. Je cherche encore dans la rivière de mes besoins la continuité d’un possible déroulement.

 

            J’alterne d’un visage gris comme la place d’un village abandonné à la foison réjouissante d’événements jubilatoires.

 

Plus haut, la lumière distillée par le phare de ma conscience se heurte aux hautes vagues sombres d’un océan de poussière.

 

Je n’arrive toujours pas à saisir la clarté blottie dans l’angle mort. Encavée dans l’innocence fertile, la ruse de mon sommeil d’enfance fait de la contrebande.

 

          Sous les arbres de l’émotion, la promenade contraste durement avec le dénivelé de cendres, encore ardentes selon les moments, avec celle du désir de comprendre les voies d’une vérité totalement dissoute.

 

Seuls quelques lits de rivières mortes tracent encore de profonds sillons entre les montagnes.

 

Je suis ici, solitaire au bord de tes ruisseaux

Toi, ma douleur, mon entaille, mon trésor.

Aux mille voix communicatives,

A l’expression du buisson dans la colline,

La chair est pour toujours notre herbier et notre pâture.

Dans cette cruche remplie d’eau fraîche

Nous buvons aux baisers du vent.

Perdus au cœur d’une paix immémoriale,

Sous l’écorce du temps et de ses sédiments,

Ce lieu incertain que notre peau voudrait hermétique

S’emmêle et s’enfuit hors de nous-mêmes

Comme le bruit des cloches augurant la prière

Et les sons grinçant de la craie sur le tableau du ciel.

 

     Tout n’est que projection. L’achoppement à l’éternité est indéfinissable. L’ombre meurt à la lumière et le son de ma voix provoque le silence indéfectible.

 

Phrases nomades, s’il en est, le souffle des statues s’allume dans l’obscurité pour mieux confondre nos destinées aux relents d’un présent déjà mort.

 

Inutile de forcer les traits de l’angoisse sur le déluge engrangé depuis l’aube du temps. Aux extrémités de la terre, des fantômes crapotent dans l’espace clos de mes pensées.

 

       Résonne encore la bourrasque tournoyante dans le jour qui se lève sur ma peau.

 

    Ainsi, nous habitons, tour à tour, les hautes et lointaines étoiles où le cœur va, en une fraction de secondes, de la lune jusqu’à la lumière intersidérale. Et l’on passe son temps à essayer de réconcilier l’angélique regard de l’enfant à celui du vieillard aguerri de mille et une turpitudes.

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
La lumière est partout tout comme l'ombre. Il faut choisir son camp même si l'écharpe de la nuit nous enserre si souvent..
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