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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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22 août 2017

Les empreintes de l’émotion.

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Pourtant, quelque part dans l’inachevé, existe le bruit du silex et l’attente du feu. Quelque part, le

parfait n'est plus qu'une mesure invalide, une objection à l’omniprésence du réel.

 

                     La douleur de la raison piégée dans mon corps me contraint à siroter à la gratuité de l’existence un peu d’alcool et de lumière bleue.

 

Mon acuité s’étiole, ma conscience s’amenuise et se réduit à ce qui accapare mon attention. Voyageur de l’émotion, le message jaillit comme le jet d’une fontaine dont on ignore la source.

 

Mon esprit suggère, mon instinct tranche.

 

           La vie inspire le verbe, le conjugue, l’associe, s’en détache, puis elle rebondit en voltes faces sur un espace dilaté. La voilà qui s’étire comme un trait fluctuant, comme un hoquet aliéné dans l’intermittence des jeux de l’esprit.

 

              Le mot est-il vraiment le reflet d’une argumentation vraisemblable ?

 

Je voudrais te dire la couleur jaune et pourtant, jamais tu ne sauras avec exactitude de quel jaune il s’agit. L’imprécision est de rigueur. Elle est commune à l’intime affirmation qui n’évoque que l’incomplet dans une esquive décapante.

 

Jours de paroles et nuits ventées, je voyage dans une volute sonore penchée sur la falaise de mon ego où je tente de m’extirper de moi-même sur l’aile légère de l’imagination.

 

         En fait, je communique pour m'effacer, pour gommer l’arbitraire des couches matérielles. Encore et encore.

 

Parce qu’en racontant le spleen de ma chair, je fais ce voyage immobile qui me conduit à mille lieux de moi-même.

… Parce que je force les mots à libérer l’espace profond qui plombe l’instant présent.

 

 

*******

 

 

Le trajet dynamique de la plume est tramé de toutes parts par les empreintes de la marche effectuée depuis le premier jour.

 

Seul, l’œil, à-demi clos, veille à ne pas se rétrécir jusqu’au bout de l’inconnu en évitant la fixité des choses à voir.

 

Il faudrait pouvoir ne rien écrire, sinon l’écueil posé en soi. Ne rien prétendre, sinon la gloire de l’effacement.

 

Ici, je dépose des mots pour m’affranchir de l’émotion sordide qui me prive de la fraternité arrachée à la lumière.

 

        Lecteur, je cherche à te livrer le trop plein d’affections tourmentées comme on délivre une baudruche remplie à ras-bord. J’ai trop besoin d’épuiser le vocabulaire de son contenu épais, de sa verve sans limite accentuant la dégringolade de mes fièvres suffoquées et suffocantes.

 

     L’écriture est un couteau affûté, une lame saignante. Elle poignarde l’œil d’abord.

Puis elle découpe la chair gonflée de tendresse pour en extraire la bête traquée.

Elle tranche net avec la douleur cancéreuse que le sang transporte jusqu’aux recoins de l’insupportable.

 

      Le ressentiment et le chagrin sont des menottes inapparentes.

 

Avant de chercher à me libérer de ses exigences et, pour en mesurer les capacités de préservation sentimentale, il me faut apprécier la servitude faisant corps avec ma chair.

 

   Il existe des mots qui nourrissent et qui sauvent, fussent-ils clamés des profondeurs interminables.

 

Parfois, sur cette route pointilleuse, je m’entends respirer dans l’existence de quelqu’un d’autre. Et, c’est avec prudence que j’accoste ce lieu étranger où je peux retrouver ceux qui m’entourent : amis, oiseaux et poutres du ciel.

 

       Expériences fragmentaires de la présence vivante qui soulève la voix au-delà de ses limites, je trouve la densité qui me faisait défaut dans le repos discontinu de l’éloignement.

 

  Le temps n’existe pas, n’existe plus. Il est une matière souple et non déterminée. L’heure humaine exauce l’espace dans lequel chacun se compte par le contenu de son énergie. Une multiplication de l’infini s’ouvre au bout de nos langues et se referme sous nos pas.

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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