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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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7 février 2014

La vie me débite en parcelles d’illusions.

NahiElleJ’irréalise le combat de la matière. Mon corps n’a pas à devenir, il est présence. Il est ma terminaison et n’abdique pas à la soumission de la réduction qui le bouleverse. Il est l’objet propulsé de l’événement qui me permet d’atteindre les espaces sans équivoque. J’esquive la porte qui s’ouvre. Je ne suis pas prêt à quitter le tableau que je peins depuis ma naissance. J’effeuille les mirages du charme perdu. Mon âme est un funambule. Je ne dors pourtant pas pour atteindre les ténèbres restées aux portes de la terre.

Je suis en veille à l’intérieur d’une zone de temporisation. Sur le bord des ruisseaux, la pluie vide le ciel de sa chair et de son sang. La hargne terrible mêlée à la peur que j’éprouve à l’encontre des faits annonce une indifférence momentanée. L’esprit paralysé ne cogite plus et défend coûte que coûte ses frontières. L’incandescence et le vertige comprimé, je ne peux malgré tout marcher sur le sol qui me portait jusqu’alors comme un fruit dans un panier.L’accomplissement du hasard rend à notre mémoire le corps oublié en chacun de nous.

L’échec n’a pas de route, il vagabonde dans l’immense détresse du voyage. La course de l’estime de soi affirme son énoncé : renoncer ou poursuivre. Un corps muet est le prisme initiatique d’un zénith orphelin. L’orchestre des insuffisances secoue nos corps qui font le guet à la porte des limons fermentés par le désespoir. Il n’est pas de souffles assez puissants pour attiser les braises repues d’anxiétés primitives. Je maudis l’heure blafarde des défaites de l’extase. Je m’efface de l’espace que j’occupe comme un baiser dans le vent. Une pierre trop lourde chute au fond du marais. Prisonnière de l’eau, l’écume se déploie sur l’horizon fébrile. L’oracle abandonne le territoire où toute question n’est que faillite et il se meurt dans les mains des prouesses désertées.

Mes pensées bannissent le supplice mais le néant me condamne à l’immensité. Des fleurs et des herbes fraîches s’alignent sur les contours d’une tombe inoccupée. La soif du vide se défait peu à peu du marais. J’existe en-dehors de l’exploit, riche de mes perditions. Mon cœur parle à voix haute malgré les cyclones titanesques qui mastiquent l’air comme une vitre reconstituée. Mes faiblesses sont des points de départs où rien ne s’arrête.

Chaque émotion ressentie transfère la présence d’un corps émietté vers une sentence apocalyptique. Chaque départ accentue la désertion, ma chair en exil croasse comme une lune buveuse d’étoiles. La vie me débite en parcelles d’illusions. Je plane comme une hirondelle dont les ailes ont cessé de battre pour relier un sommet enduit de nuages à la grotte enfouie de mon âme. Le message lacéré du destin tranche la promenade de la candeur. Toute mon existence demeure cloisonnée dans une chambre où l’écho d’une prière s’allonge dans la broussaille.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
C
C'est un texte très fort. Bouleversant même. On ne connaîtrait son corps des lors qu'il est en miette ? Je sens la colère, l'abandon puis la lutte. Une bataille contre soi, la vie. Et puis de la peur. Mais les mots tirent à la vie, elle est la finalement en chaque phrase.<br /> <br /> Amitiés
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