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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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18 mars 2014

Derrière chaque pas perdu.

1e7c2963Je déteste la couleur uniforme que le quotidien peut revêtir. Il y a quelque chose de médiocre à répéter indéfiniment la même chose. L’absence de modèle oblige le blanc à s’infuser dans le trait qui le parcourt. La pensée domine le corps par son endurance. Je suis la prescription d’une identité fleurissant dans le gène d’un passé qui n’en finit pas de reproduire les mêmes sons et les mêmes caractéristiques.

Handicapé, mon corps redéfinit un espace à vivre afin de mieux s’accaparer l’immédiat. La perte d’un membre est une censure autoritaire. C’est une affirmation répressive sans retour où je retrouve un peu de liberté dans la ligne de fuite de l’horizon. 

Malgré les éparpillements multiples, ma vie est d’un seul tenant. Chaque jour, une goutte de lumière récompense l’attente et gratifie la lenteur des heures creuses. Le temps rembourse doucement les cicatrices. Chaque jour, la présence des autres remodèle la comparaison des corps et des âmes. Malgré les déficiences et les imperfections, quelques esprits ouverts fusionnent avec leur propre silence. Peu à peu, l’handicap devient un pont, une passerelle, un dessein convalescent pour la vie qui ne s’est pas fâchée. La joie de vivre vidange les fonds de cuve. L’oxygène revient gonfler l’épave à mille lieues sous la mer et l’amour refait surface.

Tout ce dont je suis privé occupe une place privilégiée. Ma vie n’est pas un fardeau, elle est une lutte, un tourbillon de crachats. Le bonheur qui ne sert pas est une prière inachevée. Il me faut déserter l’épreuve pour l’assainir et pour brasser le hasard au plus haut de ses branches. La belle idée ! Je veux être nu sans être froissé. Des lacets ouverts flottent sous ma poitrine. Des flashes lumineux dressent des bouquets de printemps dans la source que les ombres éclairent.    

Multiplié par le manque, l’amplitude que je sens approcher est plus qu’une lézarde. Cachée dans la transparence des mots et des gestes, je m’accomplis dans le dérobement. L’instant absolu métamorphose totalement l’invisible teneur de l’être vivant qui me parcourt toujours et encore. Je suis un piéton muet sur l’étrange chemin imperceptible entre ce que je suis et l’existence. Le malheur guette tous ceux qui entreprennent la route maudite de la perfection. Il ne suffit pas de dire et de penser que le meilleur de moi-même est entre mes doigts. Quand on le possède ou quand on ne l’a pas, ce n’est pas la même chose. 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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S
Le meilleur de toi même est dans ton coeur.
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