Dans le silence qui baille.
Toutes mes attentes sont dans la mer de cendres
Dans le cambouis des heures de débâcles
Sur le fil tendu de l’irrésolu
Toute mon attente loge l’alternative dans un dilemme corrompu
Je suppose le grand sac de sucre déposé devant la porte
Je présume l’innocence et le leurre homogène des grands fourneaux
Je rêve d’une joie étendue comme une couverture
Aux senteurs douceâtres, tiède d’amour partagé
Je rêve mieux qu’un désir feutré comme un busard en fuite
Je rêve d’algorithmes incalculables ébréchés sous ma poitrine
Dans la lecture du souffle surpassant l’espérance
Pour voler au-dessus des regards objectifs
Et de la raison envahissante
Je suis une grève violée, un incendie sans feu, une licorne veule
J’habite le pillage et la déflagration
J’occupe la dysenterie des pensées je-m’en-foutistes
Mes révoltes effleurent le monde sans l’assouplir
Mon temps n’existe que dans la main tendue coupée par la hache
Du blizzard des autres que moi-même
Comme un jouvenceau, je cède au premier coup de chapeau
Le bonheur des autres m’effraie et m’escarbille
Le malheur sinistre la porosité de mes sens
Je suis l’acouphène grelottant dans la parole qui m’échappe
Et dans la trêve nocturne je m’ébroue comme un stylo affamé
Par l’encre qu’il n’a plus.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©