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Bruno ODILE
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14 avril 2014

Mon fauteuil roulant est devenu une écumoire.

6c906eaf43dc700558ba38c97931fcf5toilessept2013040Plus je suis sensible à l’aspect sécable de l’existence, plus il m’importe d’édifier un être en moi-même qui soit égal au degré d’exaspération ressentie. Il ne peut y avoir de limite à la foi que l’on s’accorde. Je suis l’image physique et tourmentée de l’huisserie du néant. C’est en creusant et en fouillant mon espace propre que je prends conscience de mon émiettement. Je décalotte les ombres satisfaites d’elles-mêmes et je multiplie mes fuites vers l’indulgence que je n’ai plus. Le mur est haut et infranchissable. Je le grimpe sans cesse et retombe toujours à côté de mon ombre. L’introspection est un cafouillage permanent. La présence vivante est insaisissable et disparaît à chaque approche. 

A vouloir incessamment me rapprocher, je m’éloigne. Je suis en devenir derrière les branches gelées du ciel.  

Ecrire est la seule façon de mourir doucement. Les mots inscrits, de ci de là, s’incrustent au temps qui, imperturbable, continue sa route sans se soucier de ses pertes et de ses abandons. L’écriture dévoile en partie la trace d’un mélancolique souvenir. La parole est le lien simultané qui me connecte à l’éternité. Qui de moi ou de l’absence a le plus de poids dans cette espace défiguré ?

Je me déconstruis dans la peine. Les heures pleuvent comme des grenailles amères. Je veux dépecer l’oppressante ruée vers la conformité. Son manteau est trop lourd, son envergure est trop contraignante. L’inaccompli demeure une frange mortelle sur le front fouetté des désirs. La mort qui achève la marche reste silencieuse. Je n’ai donc que le jour pour puiser à la matière endormie. Mon fauteuil roulant est devenu une écumoire, un peigne pour coiffer les chauves. Je roule comme un tonneau sur la grande piste enfumée où voir est l’euphémisme d’un rêve pas encore développé. Tout ce qui est proscrit pour l’âme bien pensante s’effondre dans la manne sans fond du désespoir. La fatale tromperie serait-elle dans les bras d’un pardon impossible ?

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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