C’en est fini.

C’en est fini avec la colère contre la vie dont j’attendais toujours trop. C’en est fini avec la cascade de plaintes larmoyantes. Je ne peux consciemment faire abstraction des bouquets de joie gratuite que la vie me propose et pour les jours qui me restent à vivre mépriser jusqu’au soleil. On espère toujours plus, toujours trop, ne sachant plus être reconnaissant de ce qui nous est offert. A présent, je ne souffre plus d’aucune impatience. Même lorsqu’il me manque tout, j’ai la vie allongée dans le berceau de mes entrailles. Et pour l’essentiel, mon existence est ce que j’en décide. Ce que je ne peux plus faire, je l’accomplis autrement. 

Plus forte que le Siroco, plus chaude qu’un éclat de foudre, la chaleur m’a sailli du jour qui se détache. Dans sa raison la plus vraie, la vie a dupé la réalité dans son expression perte et d’illusoires perfections. Un souffle d’air brut lynche les superlatifs narquois. Un peu de douceur dans la respiration rase la haine que l’on accorde à la dépossession. Le dénuement retentit comme une vie pleine là où la mort demeure silencieuse comme un son pur. Un lien secret avec mes peines profondes scelle indissolublement les anneaux de mes barques d’ivresse. Des passerelles résistent où se déploie ma présence au monde. Parfois dans le brouillard de l’intention qui ne se devine pas, la joie m’explose sous la langue comme une bouffée de printemps poudroie l’immense nausée de la vie. 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©