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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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2 juillet 2014

Je cherche l’issue.

femme_noire_leopold_sedar_senghor_L_1Le néant que je martèle comme une pièce de fer n’a pas le goût du non-être. Il porte la conscience par-delà le moignon des pensées métalliques. Il crisse le vide comme la craie sur l’ardoise. Il rappelle le bruit aigu et strident des forges stériles, des manoirs vibrants dans la forêt les soirs d’orage. Mon désert, c’est le regret des pays possibles. Partout où la joie de vivre quitte le cerceau du partage, l’espoir d’une main tendue oscille comme une flamme abandonnée.  

 

Le chaos résonne dans la chair du vent, l’automne n’est plus une saison, c’est un pays où se meurent les artifices. Comme un éclopé, je marche dans la nuit où chaque étoile est un morceau de boussole. Je virevolte d’un mirage à un autre. La vie et la nature se sont pliées, enroulées l’une à l’autre et, derrière l’écran où dort la lumière, je ratisse les champs embourbés de lueurs encloses. Je marche dans le rêve-parachute pour mieux toucher les boucles ensorcelées du réel qui me défigure. J’aboie dans le foin qui s’envole, je m’encanaille dans le sens limite des frontières extensibles où les poissons gazouillent et où les perdrix nagent dans les ravins de mon âme.     

 

Entre rage et démence, j’ai longtemps bercé l’ignorance qui sort de ma bouche. Mes yeux sont deux vautours au-dessus des charniers qui inondent la plaine. Ils planent entre les nuages d’anxiété et de volupté. Dans les mots lourds retenus par la nuit, j’entends s’épaissir le frisson aux lèvres fermées des comptines. Des chansonnettes filandreuses inséminées dans les mousses fiévreuses et foutraques de l’abandon bâclent l’ensommeillement de l’invisible folie. Au cœur de l’apocalypse, je trie l’évidence noyée dans le grand sac du hasard. Là où le silence rayonne, des miettes de vie jouent les troubles-faits. Je suis dans le jardin du monde, du côté des larmes sauvages, cloitré comme une nonne aveugle et tâtonnante. Je cherche l’issue. Mon existence est un reflux, un chant pieds nus aux flancs du sarcasme.  

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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