Nudité apatride, où se trouve le sérail de la fatalité ?

Dépourvu de sens, on naît sans savoir pourquoi nous sommes sur cette terre. Dessoudé du néant, j’arrive de l’angoisse du vide, d’un chemin sans fin vers un but inconnu. Je suis un reliquat, un frémissement de la matière, un frisson d’existence. Une gaîté naturelle m’accompagne depuis le premier jour. Elle exerce sur mon être une force souveraine et impulsive qui participe à révéler ma nature première. Chaque fois qu’elle se manifeste, elle escorte ma prise de conscience sur la réalité de ce que je suis.  

Le rayonnement de l’être résonne dans la plénitude de l’amour d’autrui et le dévouement. Seules la désillusion et la réciprocité non authentique peuvent égaler l’inertie et le dépit. Quelque chose de péjoratif traîne dans la soute d’abondance et peut à tout moment envahir la zone de mes faiblesses. La déception peut être mortelle. L’inconstance des apparences dupe les raisons soutenues. L’image blesse autant qu’une promesse brisée.  

Nudité apatride, où se trouve le sérail de la fatalité ? L’eau qui brûle mon jardin chasse l’oiseau sur la tourbe. Les frontières de la lumière avancent d’un cran. Je ne suis nulle part, mais j’écris sur la console qui me tient lieu de fenêtre sur la déportation de mon âme.

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©