Il doit y avoir une autre mer…
Nos voix sont fermées à clef, de l’intérieur, et les mots d’amour incendiés se retrouvent dans le désastre des gestes incompréhensibles. A toi qui n’es pas là, je peux le dire, si la mémoire flambe aujourd’hui comme un feu de forêt, c’est que mon cœur s’acharne à brûler l’aube qui t’a suivie. Caravane d’émotions transbahutée dans le jour replié sous la terre. Tes yeux au-dessus de tout soupçon, à la lisère des souffles.
Crémaillère accrochée au silence, je bute encore sur le linge où tu te caches. Il appartient aux étoiles de travailler à la construction de l’infini. Nous parlerons à la terre, aux herbes et aux fruits. Un mot suffira à dilater nos clapotis d’enfant. Nous ressusciterons comme les vieux troncs d’oliviers fendus par le froid sibérien.
De jeunes pousses sont déjà incrustées à la paume de nos mains. Dorénavant, pour saisir les heures enfuies, nous tremblerons comme l’air détonne avec le tonnerre. Rien n’a plus d’audace que le jour pour terrasser toute une nuit. L’intervalle est capital, il retient la bonté du ciel. Il doit y avoir une autre mer, un autre océan, une clé d’eau et de sel. Je nage à hauteur des vagues du monde, je cherche une poésie plus tendue et résonnante. Je ne me retiens pas dans la harde embaumée des enchères du monde. Mes meilleurs sentiments accompagnent l’odeur des éclairs.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©