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Bruno ODILE
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11 septembre 2014

Le calme déferlement. (Suite 7)

currin_3Folie sommaire ou acte de bravoure, des spasmes de sollicitude enraillent les processus nonchalants des pertes. Les merveilles de la terre flottent au-dessus de la mort promise. Une mélodie merveilleuse assèche la rivière des plaintes. Petites vagues de joie délicate, le piedmont des artifices renâcle sur le visage des amoures pures. J’éclate dans un sourire, je ris et je pleure, ma chair repousse les cahiers de l’horreur. Je pâlis sur la trêve silencieuse qui bâillonne l’orage. Il neige une pluie de limons blancs sur mes déserts de pacotille. Je reste pur dans la fragilité des caresses insoupçonnées. L’aura d’un soleil perdu réchauffe la pensée perdue dans le grand sac de l’humanité. Des grelots de rires échappent aux distinctions angoissées. J’entends hurler l’essaim que la vie à planter dans mon sang. Nous sommes près de sept milliards à vivre dans la pandémie de nos brouillards de givre.    

Quel grand capharnaüm ! Nous habitons la turbulence autant qu’elle nous ajuste à ses reflux. Nous fécondons le surpeuplement avec l’arrogance des esprits enroués aux branches du vent. Cyniques apôtres de la raison humaine, nous conjuguons deux et deux aux discours solitaires. Nos mains sont de pieux atterrés et nos bouches envenimées crachent les clous de nos croyances. On ne devrait jamais s’arrêter de respirer avant d’avoir luxé nos âmes contreforts putrides de l’illusion. La grâce qui nous est tendue rechigne à se soumettre aux élans vindicatifs de la surenchère. Plus et plus vont gratter le mur de l’amplitude et, nos urgences dépolissent l’inachevé. Rien contre rien travaille à effacer l’ardeur de nos exploitations dominantes. Un seul trait d’amour et toutes les salves rugissantes glissent sous la barre noire. Je ne suis qu’un extrait de pluie, qu’une sueur vivante éprise d’asséchement. Je disparais de moi-même chaque fois que j’aborde la multitude. Je ne sais pas être un et un seul. Ma vie témoigne pour moi du grand lacet qui resserre la lumière dans la flamme d’une bougie. Je suis un dérangement perpétuellement dans le désordre des fanges qui me recouvrent. Je suis une étrangeté sans réponse qui cherche dans le hasard le salut de sa respiration. J’incarne la chaussette sèche dans la prairie verdoyante. Mon maître verbe est : recommencer.

La peau qui me fait perdre la tête est un rudiment de l’emphase. Un bonheur qui ne serait pas optimiste me conduirait tout droit à la rémission, à l’apostolat des trêves haletantes, aux bréviaires insanes des chiffonnades rêveuses d’ajouts et de tripotages de la matière. Je suis un tailleur d’images, un sculpteur d’apostoliques résurgences, je file la soie comme un puits profond parade dans l’obscurité avant de remonter une eau transparente. Les dresseurs de rêves, de tout acabit, m’ont oublié sur le rebord du bonheur promis aux plâtriers du réel. La cage est souvent un esprit dans l'esprit. Mes barreaux puent la solitude de mon âme. L’écart est dans le lien de l’un et de l’être. Je m’effrite devant les fontaines de jouvence. La vie cette chienne aux yeux d’âne me laisse brouter le parfum enflammé de l’ironie, elle n’a de cesse de se foutre de moi. Je ne rajeunie pas, je me décintre de la parole et je flotte dans l’alcool de mes sens. Le bonheur promis est un fantôme dans les champs pour faire peur aux oiseaux.

J’ai 53 ans, rien n’est perdu. Je nage dans les remords de l’inachevé avec la ferme intention de copier mille fois :

Le soleil qui me tend ses bras est le bonheur promis aux fleurs et aux ignorants. J’irai encore butiner l’atmosphère de mes déserts lustrés de ses haillons bouillants et je continuerai à batifoler dans les bulles d’air qui me transportent jusqu’à la sève nourricière de la lumière. Moi, vivant, la mort n’a qu’à bien se tenir.

Je n’adhère pas souvent aux pensées qui me traversent. C’est pourtant elles qui me convoquent et me transbahutent comme un fœtus dans le ventre du monde. Une idée de baptême poursuit sa route dans les lignes aveugles de la partition céleste. Je suis vivant, et comme tel, je suis la proie involontaire des circuits de la mort annoncée. Je suis vivant, premier et dernier, à poser le pied dans le vide. Je revisite les confessions du silence et je mue au cœur d’une solitude toujours plus grande.

 

 -  Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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