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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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10 novembre 2014

Mon corps est un lieu de bataille.

images4L26W6MJLe cœur ouvert comme un torrent remontant les veines de l’azur, je jette l’ancre sur des plaies de terre où les racines parlent au ciel. Je marche sans fin dans l’allée-simple ensablé sous mes paupières. Arraché au vif de l’endurance, je me calcine dans les flammes de l’illusion invisible qui rampe au creux des pensées grouillantes de mon ventre. Des plaisirs domestiques, il ne me reste qu’un ressort désarticulé. Je benne toute la continuité qui n’est pas un dépassement. 

Plaisirs et périls font la fête sous le chapiteau de l’amour. Labyrinthes de miroirs qui se terminent aux cibles prétendues de l’orgasme, je suis dans la plaine qui borde la montagne à tripoter. Dans le tunnel des préliminaires, les zones érogènes sont insaisissables dans le fourbi des rires sans échos. Chaque fuite en avant est une glissade joyeuse vers la mort du désir. Un seul spermatozoïde atteint son but et toute une vie se met en branle.  

Fatrasie des chemins et des courses, de folles sagesses embuguent la langue à Bukowski et celle de Cioran. Acquiesçant de gauloises joies païennes et des geôleries médiévales, je lustre l’extase rescapée des mots devenus des lances empoissonnées. Je guette derrière les meurtrières du jour, l’avancée sournoise des ironies faillitaires. Les yeux pochés de la curiosité cherchent le poème inédit dans la besace du mystère vivant.  

Mon désir à des yeux d’enfant, je transpire le lent galop du fantôme piétinant le râble et le sang de mes instincts. Que vais-je pouvoir dire à mes attentes insatisfaites ? J’ordonne les casiers et les tiroirs, je range ma raison comme une maison à mettre en vente. Je déménage l’obscène beauté qui brûle les roses, je m’acquitte de la mémoire défigurée des concepts et des codes dévitalisés. 

Animal blessé, je le suis depuis la première heure. Je suis une quinte de soif sur le bord d’un ravin. Je n’avance que vers moi-même et le vide m’égorge inéluctablement. Mais, je m’en fous, je cours hors d’haleine, je traverse l’interminable démesure de l’impatience : ce qui compte, c’est d’arriver, ce qui m’étreint ressemble aux bras d’une pieuvre qui me reproche d’être une étincelle parmi le dégluti des ombres de ce monde.  

L’identité morale n’est qu’une instruction désavouée par le vent, les arbres et les fleurs. Je sais la solitude explosive et l’unicité défroquée, mais j’ai besoin de l’air qui libère les nuages et les gouffres. J’ai besoin d’une table rase où chacun des verres à venir sera celui de la fraternité des choses et des hommes. Entre ! Viens, rejoins-moi ! Partageons l’innocence qui nous fait tenir debout en regardant les pages qui se tournent. Buvons ensemble la lie incommensurable des rages du volcan et enterrons nos mouchoirs déshérités dans cette lave chaude. Posons nos mains et nos cœurs dans le panier du monde. 

Mon corps est l’otage du jour et ma religion est celle de l’apôtre désâmée, du bistouri excavant la puissance des dogmes. J’ai le plexus rivé à la matière dévissée de la création. Mon corps est un lieu de bataille, un verdict d’or et de boue transfigurant mon sang, un Modus vivendi pour les passions mutilantes. Ma chair portée à la conscience est l’instrument d’une joie libérée. Mon existence n’est plus une durée mais un usage. Je me suis approprié les registres de l’intermittence.

« Le Temps nous égare Le Temps nous étreint Le Temps nous est gare Le Temps nous est train. »  - Jacques Prévert.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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