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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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15 novembre 2014

Je suis orphelin dans l’hôpital de la lumière.

images7VPPOIUHJ’ai lancé ma voix dans l’inconnu et l’écho qui m’est revenu me parle de rêves échoués. Dans les rires dispersés, le cimetière de la joie n’a plus d’allées. Je marche à travers champ, la tête brassée par le remue-ménage de mes sens. Je joue tout seul à saute-marais et les flaques cachées par l’embrun me sautent à la figure. Je suis trempé comme une cuissarde enfoncée dans la rivière aux mille truites. Je flotte au-dessus des gnangnans murmurant à guichet fermé. 

La joie cruelle revisite le vent. Elle balbutie comme un oiseau blessé, elle se recroqueville comme une faute commise par mégarde. C’est l’écolière désordonnée des buissons de l’âme, elle se pavane à l’ombre d’elle-même. Dans la transparence des mémoires, elle témoigne de la mue refoulée et d’un plaisir jugulé. Mes lèvres et mes rictus portent ensemble ce qui n’est plus. Sauvage trublion, la gaité scande à qui veut entendre les louanges du manège de la vitalité refoulée. 

« Sera comblé celui pour qui l'espace ne sera pas dehors. » - Guillevic, Inclus.

Je dors comme je pense et je pense comme je dors. Libéré de l’oppression du réel, la nuit, mon cerveau s’accorde enfin avec les anges qui le traversent. Sans discontinuité, je cesse d’exister et d’avoir conscience de moi. Mon sommeil retrouve la mort du temps et je m’épanouis dans l’effacement de l’éloquent brasier de mes fantasmes. Empalé sur l’édifice du néant, le vide laisse fleurir mon corps dans la constance d’invisibles rouages. Nu comme un nombril sans fil, je bois à la laitance qui suinte de mon âme. Je complote avec la créature sauvage qui est à l'origine de la source. Au large de mes chemins dormeurs, seul avec moi-même, je réapprends à percevoir, à sentir et à mourir. 

A côté des fragments du bon sens, l’espace précédemment dehors est maintenant dedans. La source vivante s’énonce indéfiniment, il n’y a pas d’autre réponse pilotée par le hasard. Il pleut, il neige et le soleil revient toujours. Tout est déploiement dans la chair de chaque homme. Mon esprit germe sur le trait de chaque départ. Mes amis portent la lumière comme une clarté promise à l’éternité où les heures intactes quittent l’habit des mots. Malgré que je ne sois qu’un morceau d’incohérence, quand j’y pense, le silence est aussi doux que le baiser d’un papillon.

Je tète encore à l’encre des mots de misère, mais je n’ai plus le goût de la frayeur sur le fond de la gorge. Je suis orphelin dans l’hôpital de la lumière et les ombres qui m’entourent ne sont plus des aires de salutations distinguées. Je bivouaque aux extrémités des colonies pacifiées, là où les frontières deviennent une invitation amicale aux rencontres.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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