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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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3 juin 2015

Parce que le bonheur est immuable.

images2PRDE0ZNOn accable les autres de leurs contraintes chaque fois qu’elles rebondissent sur les faîtes de nos frustrations. Dans la bagarre de mes rêves les plus fous et pour ne pas sombrer comme la vague qui atteint sa cime, j’évite soigneusement de songer aux retenues qui me rendent prisonnier de moi-même. 

Un lien commun réside souvent dans la vivante analogie qu’il nous arrive de rencontrer chez les autres. Je m’indigne volontiers de ce que je n’ai pas, accusant la vie d’être impartiale, alors qu’en tout état de fait, je ne peux être la clairvoyance de la neutralité. Dans l’obscur où le refoulé silencieux opère sournoisement, le consenti ne peut éclore que par la puissance de la volonté. Derrière le masque, au-delà du Persona social fabriqué, l'exécutant se réfère non plus à son environnement, mais à la culture de son juste.

Clown à la grise mine, j’accorde mon cor aux sons des rengaines inopérantes chaque fois que j’accepte des mots qui prennent le goût d’une gargouille orgiaque. Au soir souverain, la joie cachée indispose le désir qui n’a su exalter l’ombre invisible du désespoir. Je m’essouffle dans la tentative d’être là où je suis, dans l’instant moribond de l’échec. L’illusion grotesque d’une journée inutile et vaine envahit mon esprit. J’ai le futur qui trésaille dans mes veines, le tourniquet des heures plaque ma vie sur les parois du désenchantement. Derrière la membrane fragile du rêve, j’écope l’afflux des lumières explosives et protège mon visage de la rigueur monotone de la blancheur veule. 

Comme un fruit malade qui s’éloigne de la flamme sous le compotier, l’homme-blessure me fait redouter l'épidémie lymphatique. J’appréhende la contagion du vulnérable par le vulnérable, la souche coupée, l’heure froide et la débâcle que la nuit emporte.  

Je veux prendre le temps. Cette vie s’accélère à chaque croisement et tout va trop vite. Je n’ai plus le temps de respirer. Attentif malgré l’oisiveté, je guetterai l’ange qui passe fugitivement, le sourire qui ne s’attend pas et l’étonnement qui vient surprendre le mouvement établi par le rituel des humeurs qui se répètent. J’écouterai la vie en moi, j’écourterai les pensées qui traversent inlassablement mon esprit. Je serai assis à côté d’une fenêtre ouverte. J’attendrai l’heure bleue où naissent les belles histoires. Je serai là où ruissellent la bonté comme une force ingouvernable, comme un jet d’illuminations sur le crachin purulent qui me cache la silhouette indispensable de mes congénères. 

Tout à coup, je me souviens avoir pleuré alors qu’enfant je regardais à la télé la diffusion d’un épisode de « Jacquou le croquant » (1). La nuit qui suivit, mes rêves décousaient et recousaient l’histoire du jeune homme jusqu’à lui offrir un cheminement acceptable. Il n’était pas de thème possible sans une fin heureuse de l’histoire. Malgré moi, déjà mon esprit fécondait les issues gorgées d’espoir et de joie. (1) Jacquou le Croquant est un roman social écrit par Eugène Le Roy, diffusé à la télévision dans les années 1969-70. 

Aujourd’hui encore, je m’étonne d’entendre dans ma tête la voix de quelques personnes disparues et du silence lumineux qui précède le souffle calme du sommeil. Les souvenirs qui me tiennent compagnie sont tous parsemés de sentiments joyeux. C’est cette boutonnière gaie et franche que je défais doucement, bouton après bouton. Tout ce qui nous arrache au bonheur que nous voudrions définitif nous saisit d’effroi. Cependant, je sais que celui qui a connu le bonheur une seule fois dans son existence est prédestiné à le rencontrer de nouveau. Parce que le bonheur est immuable, il va et il vient au gré des événements que nous traversons sans jamais disparaître pour toujours.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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