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Bruno ODILE
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12 juin 2015

Résonnance (15)

images8I0Y2IF8Je me reconnais tout entier dans les plumes de l’oiseau qui s’évade. Parallèlement, je crois mon esprit altéré et diminué dans la voix que j’occupe. Je parle de l’inconnu et les réseaux de l’ombre avalent mes paroles comme une tisane à peine infusée. La pensée en mouvements, je m’égare. Je divague dans la fièvre de la brume. Mes cordes vocales sont des violons parmi les algues ondulant sous la matière liquide. Je radote en parlant le langage des signes. Je vibre et je tremblote comme une clôture balayée par le Mistral. 

 

                        Par l’esprit, je quitte la terre. Par la voix, je touche au sacré. Mon cœur respire dans la prière galopante et dans la mort rêveuse d’angles ouverts. D’un sanglot, je fais un navire. D’un sourire, je surfe sur la déconvenue du monde humain. Je cultive le thym et le romarin dans mon désert de nuit. Je volute parmi les parfums d’une enfance tapie dans son terrier. Mille et un indices de ma naissance : je ne saurai maudire les étoiles millénaires ! Esclave d’un fil d’argent, j’adhère à la lumière ramifiant la douceur du jour à son contraste d’époustouflures

 

Chacun pourra voir s’agglutiner ces chimères froissées avant qu’elles ne se déguisent en ange dans un pays d’eaux vives et d’oliviers. Et toujours, cet enclos de feuilles mortes où dansent les ombres gitanes. Non pas des corps véritables, mais de simples silhouettes entourant nos balafres. Une voie triomphante se disculpe dans les reflets du miroir où une bougie tance comme une sœur fondante dans la cour des miracles.   

 

               Couché contre la terre, j’écoute les cadavres au royaume des morts longeant de longs couloirs d’éternité. Pas une voix ne retentit. Des os blancs, plus blanc que le temps inanimé, jactent un langage de faux jour sous la trappe d’un fleuve engorgé par la fièvre des pas que l’on entend par-dessus. Mon oreille collée à l’herbe se laisse surprendre par le gémissement des boutures qui n’arrivent pas à éclore. Langues de feu dans une cendre fendue, la mémoire des fissures noires hésite à renaître d’un ultime désir. 

 

Il faudra marcher sans fin vers la dépossession, jusqu’à ce qui reste innommé soit putréfié. Bouche folle, ouverte ou close, il te faut abdiquer sous la charge éprouvante du galop des doutes. Une nuée de questions nous égare. Nos cœurs s’attisent à l’autre bout de la ligne. J’ai perdu l’écho de la peur sur les mains du jour. Malin qui me dira l’alphabet que cache ce mur bleu. Tout azimut, la résonance redresse l’air contre lequel mon verbiage s’est adossé. 

 

Des blablas ininterrompus interceptent la fureur de te dire combien je m’aime malgré l’insoutenable vulnérabilité de ma conscience. J’ai essoré mon âme avec les torchons sales. Je n’ai à présent qu’un fagot de linge dispersé dans l’inconnu. Quelques fables traversent mon esprit mais je m’enfonce si profondément dans mon sang que ma salive noircie au contact du souffle léger que les mots interpellent.   

 

J’insiste, quoique je ne sache plus reconnaître l’aube penchée sur elle-même. Je souligne le battement réfugié dans l’obscur, l’air froid sur la bouche et la parole autoritaire. Ma voix tourne sans fin sur elle-même, vide, râpeuse, cherchant de nouveaux maîtres, de nouvelles auréoles. Je ne sais rien du juste usage de la transparence. Je marche encore dans le jaune du jour sans plus savoir ce qui m’attend. C’est comme si dehors avait toute l’emprise sur l’aiguille du temps mais je n’ai plus d’étalon pour mesurer la distance qui s’est glissée dans mes paroles.  

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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