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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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8 octobre 2015

Parce que demain c’est toujours.

imagesDZMO72W5Mille courants d’air gonflent mes narines. Pourtant, lorsque je me retourne, aucune silhouette ne bat de l’aile. Rien non plus qui ne puisse ressembler à une ancre. Partout où je croyais être amarré, c’est la mouvance des jours qui déplace la permanence. Je suis aligné au mur, je ferme les yeux pour compter les secondes qui s’écoulent entre le bruit du tonnerre et l’éclair défigurant le noir.

Chaque rêve perle d’illusions toniques et chaque illusion conforte la réalité qui s’évade dans les nuages. Pourtant, le cœur se rappelle lorsqu’il était dans la nacelle du temps, lorsqu’il pleurait dans le noir pour que l’on vienne doucement le bercer. Pourtant, des yeux se croisent et s’enveloppent dans les marées montantes et se retrouvent sur l’île de la solitude pour y faire sécher le temps perdu.  

J’ai cousu des fragments de pierre blanche. J’ai tissé du sens à l’horizontale des chemins. Mais, rien ne demeure, tout fluctue sans cesse et se déplace. J’irai voir sous la grêle, peut-être, l’énonciation d’un prénom, peut-être la parole d’un aveu. Il y a des types qui jouent de la guitare autour d’un feu. Les flammes sont des cordes de résonance. Je ne fais plus de différences entre les tam-tams du cœur et les crécelles vibrantes du désespoir. Je vis d’excipients et je voudrais mourir de rire. 

Regarde avec moi cette forêt restée sombre, un ruisseau y crépite et des lèvres de mousse cherchent à s’embrasser. La vie nous a déshérités des souffles brûlants où s’énonce le tremblement des chairs. Du noir, au plus noir encore, du plus seul au plus désolé, du murmure au silence, mon regard se noie dans le passé et ne devine pas l’horizon des jours rassemblés dans le ventre du temps. Je suis cloué en moi-même dans l’étau du sang. On se croit toujours coupable d’un séisme surtout lorsqu’il emporte avec lui un être cher. Un moment, je suis obligé de m’accoupler au vide pour m’entretenir avec l’ombre que tu répands autour de mon chagrin.

Je crois te reconnaître dans le creux d’une lumière douce. Alors, je lime l’obscurité où je dépose le blanc qui transgresse ma mémoire. Tu seras vivante ou tu ne seras pas. Tu as fui si souvent l’icône où s’est allongé ton souffle qu’il m’a fallu te border sans cesse comme un éclat de verre.

L’heure n’avance plus, elle est bloquée, coincée comme une peau d’orange dans le grand mixeur du temps. J’ai dû grimper tout en haut de la façade de la cathédrale sculptée par le vent des siècles morts pour la déverrouiller à grands coups de masse. Trop légère, elle pèse le poids du néant. Elle ressemble à une statue figée surplombant une fontaine sans eau dont le mécanisme a subitement rouillé. Toutes les cascades sont momifiées. L’heure ne tourne plus et les minutes en apnée s’étouffent avant de tomber comme du gravier sur le sol. Il pleut des galets fendus et de la poussière sèche.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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