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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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15 octobre 2015

Parce que demain c’est toujours. (5)

imagesHR6ZPJBFPose donc tes sourires aux pieds de nos misères. Nous tresserons bien assez tôt la paille de fer qui récure l’illusion que nous souhaitons salutaire. Car le réel n’est qu’une pommade absorbante à la censure des vies, une coulure de vérité haussant la tête, une épilation de nos catéchèses inhumées.

Je ne témoigne pas. Je ne raconte rien qui ne soit totalement vrai, rien qui ne soit vraiment authentique. Je m’appelle à mi-voix dans l’ébruitement des âges et des arbres. Je m’épelle de l’écriture où s’ensevelit le monde soumis à l’expression prisonnière de ses ressacs.

D’ailleurs, vois combien le mot est mort dans le tue-tête de ses hématomes.

Et puis, maintenant, il est l’heure, il est temps, il faut reprendre le présent à son compte. Il est impératif de rentrer sa rage et sa fureur, d’ôter ses os et de les livrer.

Maintenant, tout doit disparaître. L’absence accolée au néant, les entrelacs insipides de nos défauts et de nos qualités, les écheveaux d’histoires capiteuses, les entrechats répétés sur la gouttière de nos paroles, les entre-nous déposés dans nos greniers à fanfreluches.

Viens, redécouvrons :

                                     Un homme et une femme, tous deux contrariés par l’irrésistible condition humaine. Dans l’harmonie du monde, l’envol des cygnes, le rugissement de la lionne, le sifflement de l’aigle, le chant de la rivière et le glapissement des champs de blé où souffle le vent tiède des saisons chargées de poussières fertiles.

Et puis, une reinette assise sur un croissant de lune, un cerf frottant ses cornes sur un vieux tronc rabougri, deux lièvres se boxant dans l’herbe, un chat dans son berceau, une baleine à la poursuite de l’étoile du Berger.

Et encore, le combat de la nature pour se reproduire et se propager, immuable et plus forte à chaque accouchement. Plus rupestre et plus insolente. Plus fragile qu’un cocon de soie.

Une lyre dans tes cheveux, du miel sur le bout de tes doigts, un cierge dans ton cœur. Une toute petite flamme au milieu de la forêt minérale.

Des pétales de fleurs, le nid d’une gigogne, le ramassage des plumes et des cailloux, des branches et des baisers. Au loin, un épervier dressé pour la chasse grignote les nuages.

Redécouvrons :

                                     Un homme, une femme, chacun dans le sommeil de l’autre. Puis l’envol, puis la combustion généreuse du feu que l’air avale. Pour nous séparer, l’ombre solide comme un mur. Nos cœurs anonymes, ouverts aux blessures de la terre, et tes yeux pétrifiés surgissant de la nuit. Et puis, le vent qui s’accroche au silence. L’ombre abandonnée aux fausses vibrations, nous étions couchés sur l’oreiller des mauvaises tempêtes.

Tes yeux en accordéon brisant la nuque à l’ignorance. Tes lèvres rompant le doute. Ta douceur ébruitant l’amour qui fend le silence des siècles refermés comme des huîtres. La parole du monde ravissant à l’éternité l’instant dérisoire de la vie dans sa suprématie foudroyante.

Et puis, le banal des saveurs oubliées d’un temps écrasé et compacté, puis des morsures tranchant l’immensité incommensurable.

Et encore, un éléphant de mer qui porte nos mémoires et nos moissons. Puis, des dauphins qui les remontent à la surface et des vagues puissantes rejoignant le ciel d’un bécot tendre.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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