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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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19 octobre 2015

Le présent de la mort (Ou la mort au présent).

imagesKHXJ94JZNe t’écarte pas, nous tombons. Une pensée darde mon cœur avec l’épine d’une rose. Pleine mer, deux infinis s’embrasent sur l’horizon perlé avant même que les cœurs ne s’accordent. J’appartiens à ce que je sais. Tout est éclaté. Tout est partiel. Je voyage dans ta chute. Tu t’éloignes et je trébuche. Des passerelles à points fixes s’écroulent. D’autres bras ouvrent l'étendue. J’ai le goût de l’aurore au fond de la gorge. Je suis sans fond. Tout me traverse. 

Des trombes d’eau s’abattent sur un seul feu sans parvenir à l’éteindre. Tes yeux résistent. Je m’abyme d’un espoir incrédule et muet. Je suis là, prêt de toi, sur la limite des chairs où l’heure murmure des sonates inavouées. Mon nombril palpé par le ciel disparaît dans les nuages. J’appartiens à ce que j’ai oublié. Des palmes de fumée se dissipent dans un désert torride où des mirages soulèvent la poussière sans laisser de traces. Quelques écorchures nocturnes griffent l’air sans le rayer. Tu as rejoint le sable où la mer s’est négligée. Un cheval de mer galope sous la vague. Tu marches dans les bras de l’inconnu et des traînées blanches s’effacent doucement.

L’émotion est née dans l’embrun du jour. Nos mémoires s’écartent comme des aimants de la même force. De l’eau sans âge ruisselle dans la colline où l’hirondelle quitte son nid. Je te retrouverai dans la coïncidence qui s’ébauche sous l’ombre des ailes en partance. Tu m’as quitté avec l’élan des heures lourdes emportant tout sur leur passage. Tu reviendras, sans doute, légère comme une flèche qui s’extrait de la torpeur de mon corps en jachère. Une présence singulière désagrège la clarté des cœurs déchirés. Hors d’elle, tout n’est qu’une agonie foudroyante et qu’une fin sommaire. Le souvenir est un brancard pour la pitié que l’on s’accorde.

Et nous voilà devenu une identité métaphysique au-delà du sang de la parenté. Un nom pour dire au silence que l’oubli n’est plus seul. Pour dire à la vacuité qu’elle n’est plus le néant des formes et des couleurs.

Notre arc-en-ciel s’est métamorphosé en traîneaux de fils lumineux. Chaque fil est imbibé de nos fardeaux multicolores. Plus loin, le ciel accouche dans la douleur du spectre taciturne et des heures embourbées refluent de nos tranchées d’extase et d’ennui.Demain demeure cette pâle fosse de jouvence qui se confronte à la mort.

L’avenir nous ramène inlassablement à nos corps, ceux-là mêmes qui se sont consumés au-delà de nos prières les plus coriaces.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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