Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bruno ODILE
Archives
Publicité
Bruno ODILE
Visiteurs
Depuis la création 46 189
Derniers commentaires
16 décembre 2015

Toutes les heures sont enlisées.

nue1Le cœur pénètre quelques secrets silencieux tenus à distance comme des boulettes de suie, des nuits d’éveils éclairés de perles rêveuses et de songes comateux. Quelque part, au loin, la démesure vive nous plonge dans son désordre natif. Elle murmure le miaulement des échos mouillés dans les mains de chaque renouveau. Nos mémoires sont devenues des hameçons qui pêchent à nos excavations. Mais l’instant a tricoté des boucles trop larges pour retenir les voix et les corps, des mailles insuffisantes pour conserver les déficiences et les incapacités du labeur de la terre. Des obscurités moites planent au-dessus de nos vies. Des envols blessés deviennent des syncopes convulsives comme des éruptions de brouillards où notre vécu joue à cache-cache. 

 

L’air qui s’enfuit et le temps qui reste…

Viendra le temps des bouchées douces, des arcs-en-ciel et des sourires soyeux. Rien ne peut dire ce qui se cache sous la fine paupière des heures.

L’étonnement et la surprise sont sœurs jumelles. Un temps vient, un autre s’en va. Et puis, un jour on touche à l’éclair et tout s’embrase, tout l’horizon foisonne de papillons.

Les langues délient les cœurs encore noués. De grandes bouffées d’air parfumé de lavande s’évadent. Des mains, des joues et des nuques connaissent la caresse du baiser.

En un instant, tous les nœuds se dénouent. Une porte s’ouvre, des rubans de soie s’envolent toucher les hirondelles. Le soleil rejoint la lune et la nuit berce les peaux qui s’étaient engourdies.

Demain est un autre jour. Des crécelles vibrent sous la mousse de l’attente et les heures se gonflent comme des montgolfières. Il suffira d’un soupir pour qu’une tempête d’amour ensevelisse toute la froideur des jours anciens.

Demain est un autre jour. 

 

Nos mains serrées comme des anneaux de balançoire, nos bouches ouvertes comme des siphons où tout converge. Regarde : nos chairs désincarnées ne sont plus que du goudron recouvrant le temps dépassé, la mémoire séquestrée dans le tourbillon violent de l’éternité. Toutes les heures sont enlisées dans les méandres creux où plus rien ne peut changer. Tout s’empile et se laboure à sec. Tout est une promesse affamée, une déclaration résignée, un linceul rétréci qui ne couvre plus complètement le bruit du tambour de nos funérailles. Là aussi, tu vois, nous sommes emmêlés aux brumes dans lesquelles nous disparaissons.

L’air s’enfuit et le temps est ruiné. Rien ne demeure plus longtemps imprégné à notre tourbe que la première pierre jetée au Rubicon de nos êtres.

Nous sommes brûlés, calcinés comme des étendues de terre offertes à la jachère pour renouveler leur fertilité. Mais parce qu’ici tout a brûlé, tout brûle encore. Et nos voix sont vidées d’histoires, nos peaux vidées de l’effleurement des jours qui tombent, nos ventres vidangés comme des puits en plein désert. Nos cœurs demeurent seuls, ils s’enflamment des sueurs de toutes nos prières. Ils convertissent la flamme et le feu en un cri d’innocence indescriptible.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité