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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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4 janvier 2014

Où sont les urgences ?

imagesOO34KUJ1Des nuages de couleurs déconcertées se dissolvent avec le courant, je suis une palette dans l’eau, une encre décolorée. Tout ce qui ne peut être accompli de façon autonome devient vite un désert infranchissable. J’accède à un espace vidé de son jus et envahi de multiples oasis où l’esprit s’embrouille. Mon corps surgissant d’une grandeur cachée s’élève à son ciel intérieur pour toucher le présent de sa sève chaude. Il demeure néanmoins un grand mystère pour mes prières d’angevin.

Le trompe l’œil est puissant et le pochoir trop imbibé de relents impétueux pour préserver sa forme initiale. Parfois, os et muscles décantent à distance dans le paradoxe d’une expérience sensible qui effleure des contenus surréalistes. Et parfois, le corps tout entier se révolte, crie et se désarticule pour témoigner de la violence de l’enfer qui le heurte. Dans ma chair tout rompt et se casse comme du verre. Il n’y a plus d’espoir assez solide pour atteindre le point sublime de l’effacement des contradictions. Désespérément désespérée, la réalité n’est que révolte. La déception pure brûle la perte de ce qui demeure. 

Toute la panoplie de mes sens est aux frontières d’un tumulte permanent. J’interprète fidèlement l’information reçue, je sens et ressens ce que la réalité dissimule tout en m’ajustant à ce qu’elle me propose. Lorsque je me régale en mangeant une pêche bien mûre, il m’importe peu de connaître les mécanismes digestifs qui officient. Par contre, lorsqu’il ne m’est plus possible de vivre ce plaisir, j’ai l’impression d’être privé de tout l’alphabet de l’univers. Le désir contrarié dans son élan renforce d’une façon presque insoutenable le souhait d’appropriation et de renferment. C’est un retour à l’évidence primordiale. Les signes physiques sont désautomatisés et je suis désynchronisé du réel commun.   

Le passé dévore-t-il jusqu’aux rayons de soleil qui m’éclairent ? Chaque absence ou privation a fini par être ingurgitée par une autre plus grande et plus ténue. Être ce que je suis semble ne pas suffire à la joie que la raison écartèle. Mes rêves pourfendent la réalité et mes espérances convoitent les chemins parfaits de l’équilibre du corps et de l’esprit. Par moment, j’appartiens, tout entier, à mes sens et mon cœur reste plus vaste que l’oralité nichée dans les vagues fracassantes d’un océan de copeaux de verre. Le réel tel qu’il se présente à moi arpente le spectre visible, il n’englobe pas ma réalité intérieure. Le temps change et me change. Où sont les urgences ? Les fleurs mortes par la blessure du vent s’inventent d’autres soleils. Un soleil de fraise pour les potagers en devenir, un soleil d’argile pour les sols en transhumance. Un soleil qui danse pour l’exil des plaies. Je suis le résident éternel de la panne temporaire.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Tu es le résident éternel de la poésie. .entre deux étoiles, ton écriture s' approprie le ciel
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