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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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12 janvier 2014

L’outre-monde

imag22esL’écriture est une thérapie incontournable. A conduire les mots traduits du silence jusqu’à la feuille blanche, s’opère une escalade de la désespérance qui dépasse le cadrage de l’esprit. De multiples pistes inconnues livrent des chemins bafoués par la raison ordonnée. Le symbole, redevenu signe codifié, s’ouvre à la clairvoyance commune.

L’écrit outrepasse la guérison de l’âme lorsqu’il est filtré par les yeux du plus grand nombre. Je veux, ici, témoigner de la vie à l’intérieur des mots. Et, pour être simple, dire qu’un ouvrage capable de réveiller la flamme au fond de la rétine collective d’un groupe indéfini de lecteurs augmente la densité du mot jusqu’à lui offrir une forme de délivrance. L’émotion partagée a la faculté de nous agrandir. Le ressenti désaliéné de sa pudeur évocatrice peut alors sonner l’unisson des cœurs et l’amour redevenir une lumière fraternelle.

Après l’accident, ma vie toute entière s’est retranchée dans le tourbillon du désoeuvrement. J’habite l’instant qui me traverse. Un autre moi loge l’apparence où beugle l’air. L’existence m’a appris que pour soigner un corps, la contribution de l’esprit était nécessaire.

Nous sommes deux en un seul. Mon squelette est déganté, son imperfection décoche la case Beauté dans mes pensées. L’insouciance du geste est soudainement brimée. La matière est toujours prisonnière de mes rêves. Des soliloques anthropomorphiques raflent à Apollon l’élitisme consacré à la brillance.

Mon être est célibataire, ma conscience est partie rejoindre le trompe-l’œil. Mes os se refusent à la noire dentelle, ils s’aiguisent dans l’outre-monde. Le bruit de mon cœur ne quitte pas mes entrailles. Sa cadence régulière me rétablit à la lumière d’entre deux portes. Je suis à présent sur le seuil calme de la cabane des fusillés. Mes perceptions solitaires et mutilées s’organisent sous les remparts démantelés.  

Tout l’aléatoire convit les sens à trancher le conditionnel. Nous ne savons être l’instant que lorsque nous l’habitons entièrement. La douceur du monde réside sur le qui-vive. Nous nous embrassons tantôt dans l’échappée de nos communautés cloisonnées, tantôt en nous plongeant dans une ivresse reconquise à la flaque du souvenir.

Partout ailleurs existent des souffles corrompus que nos ruisseaux traversent inconscients de leur déportation. Il n’y a qu’une vie, celle qui explose aux creux de nos mains désoeuvrées. Celle qui s’exile du cauchemar de l’existence graveleuse pour poursuivre son chemin à la croisée des vols d’hirondelles et des tourbillons de nacre invisible. Avancerions-nous entre les étoiles et le tonnerre de l’univers que nos étincelles s’envoleraient rejoindre le plein soleil.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
L'écriture reflet de notre âme permet parfois de se délivrer de ses démons et la tienne est si puissante qu'elle nous submerge. J'espère que ce feu intérieur qui crépite dans ton esprit "tisonne" les etoiles dont tu nous parles si bien.
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