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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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26 janvier 2014

« Le pronostic vital est toujours engagé ».

couple3Je sais, à présent, qu’il me faudra tenir debout dans le face-à-face avec l’aube qui m’attend. Le destin côtoie l’holocauste des pensées qui s’évadent tristement parmi les étoiles en fusion. Quelqu’un traficote ma main gauche, je le sens, je l’entends. Je vois les phalanges nues sur le vif des supplications. Mon bras, ma main écoutent le bistouri traficotant mes chairs. S’il vous plait, ramenez mon sang aux fonctions primitives.

Ne coupez pas les doigts qui s’ouvrent à l’impair de leurs ombres comme une fleur leste et légère. Recousez de fil blanc les plaies rougeoyantes. Brûlez le jour de décadence ! Que le feu envahisse de ses flammes pures les frissons qui pleurent. Je dors éveillé au milieu du temps qui se vide, j’ai les poings fermés sur la taille de mes fantômes. Anesthésié, je recouds chaque image dans les mains d’un autre rêve.  

Laissez-moi dormir encore un peu. L’éclat du jour me semble une lame trop tranchante. Je voudrais dormir mille ans. La vérité est-elle toujours légitime ? J’ai l’impression que mon cœur est un os. Je crois sentir les dents de la frayeur déchiquetant mon corps. Je crois sentir la pelure de l’enfer sur le toit du vent qui change de cap. Il est temps de déplier les ornières où ma vie s’est embusquée. Ne me montrez pas ce qui manque, faites-moi voir ce qui reste. Que je puisse attacher un peu d’espoir aux jours qui viennent. Que le supplice du réel ne soit plus qu’une salve pour l’horreur qui déchire mon existence comme un simple papier flottant parmi les ondes légères. 

Vingt et un jours durant, cette phrase gicla jusqu’aux tonsures d’une vie, et elle détériora celle de ceux qui m’accompagnaient : « Le pronostic vital est toujours engagé ». Personne ne savait l’issue de ce tournoi avec les ombres. Pas même moi. Un moment, la douceur de la mort m’attira comme une abeille sur du miel. Le blanc, la lumière blanche sucrée, le calme prodigieux, la souveraineté du silence. Toutes les conditions d’un apaisement total m’étaient offertes. Et, j’avoue y avoir succombé, un instant. Toute mon existence se résumait dans une pépite de lumière, dans une alvéole miraculeuse d’où je voyais mon corps à distance. Je n’étais plus propriétaire de rien. Mon esprit flirtait avec le vide qui l’empoignait pour mieux l’embrasser.    

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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