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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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1 mars 2014

Mais, la vie insiste.

DSC_0110_France_Nu_Femme_araigneeL’autre en qui je pourrai naître n’a pas de reliefs. Sans expérience, il est nu dans un miroir d’illusions. Aucune réalité immédiate ne pourrait l’accepter. L’inaction achève les contenus disparates qui hantent mon cerveau. Je suis retranché derrière l’image que j’ai de moi. Des corps étrangers parasitent l’ombre qui me révèle au jour. Je suis l’instrument d’une discorde creuse. Les routes sceptiques de la prudence renvoient à des fragments de soi identifiables. Je reconnais l’ombre planante sur mes champs de blé, le rôdeur est invisible dans les rouages sommeillants de la lumière.  

En aucun cas, je ne peux me résoudre à n’être qu’une pâle copie d’un exil involontaire. Dans ces perspectives dérisoires, mes actes ne m’éclairent pas. Pas davantage que les gerbes d’innocences pendouillantes en dehors des circuits balisés par la bonne parole. Je suis rétréci à l’embouchure d’une nouvelle crédibilité. Je ne dispose pas d’éloge outrancier pour l’évidence, pourtant, la vérité répercute des retranchements incalculables. J’habite d’irréversibles morales censurant les fiers frissons des jours tranquilles. Mon handicap peut me pervertir et énoncer la débâcle qui lui convient, je demeure assis sur moi-même comme un jockey sans cheval, comme une huile laiteuse à la recherche de son candélabre. 

Les certitudes ne suffisent pas à mon corps. Je répugne à penser dans la droite ligne d’un piquet de cocagne. Je me suis désaxé de moi-même depuis si longtemps que le manteau cachant mes déformations est presque devenu une deuxième peau. Ma réalité froisse le verbe dont je suis le sujet. Je tiens le hasard pour cause essentielle à mes limites. Je hais les prédilections saillantes et les promesses incultivables. Sur la chaussée, la collision avec la jambe du panneau « Stop » m’a débranché de l’horloge du monde. Je bafouille comme un agneau surpris dans son sommeil. Je ne suis pas plus maître de moi qu’un flamand rose sur le chemin aérien qui le conduit au pays des chaudes feuilles du figuier.

J’aimerais me rapprocher du souvenir consubstantiel, de la mémoire unique et des lieux où palpitent les différences qui rassemblent. Je voudrais trancher, abattre, puis dissoudre les ressentis enclavés aux préjugés qui lacèrent ma nature. Mais, je ne suis qu’un pantin sur les planches du théâtre du monde, relié par les ficelles qui traînent la terre comme un ballon dégonflé. Je demeure soumis à la friction inflammatoire de l’immobilité migrante. Je voudrais brûler à ciel ouvert comme les copeaux de bois bordant la manufacture de mes forêts intérieures. Mais, la vie insiste comme un sanglot d’air éclot vers une délivrance.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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S
La vie est là malgré tout et dans tes mots, brille toujours une étincelle, celle probablement qui éclaire ton chemin.
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