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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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20 mars 2014

Là où je n’accède plus.

9db8eedcL’idéal serait de pouvoir se retourner après avoir franchi le seuil des heures trop lourdes et de se dire : enfin chez soi ! Nous sommes tous, plus ou moins, embourbés dans un code de conduite qui nous arrache de nous-mêmes. Empêtrés comme des cailloux dans la vase, le corps capitule sous le joug impérieux d’une éducation morale cadenassée.  

La transition de l’ombre vers la lumière s’effectue dans le cortège de l’énergie dispersée. Une taupe incrédule circule dans ma chair devenue insensible aux souples mouvements de la vie. Aveugle dans les ténèbres récalcitrantes, elle creuse le tunnel pour rejoindre le sang que je bois.

Etre mal dans sa peau ou habiter son handicap comme une mort en soi, c’est comme être assis au fond d’une caisse sous l’épaisseur du sable que l’eau recouvre à peine. Violence de la vie, arracheuse de dents aux spasmes des raclées, glaires à la dérive, j’incube dans un bol de complaintes et je charrie mon souffle vers d’autres troupeaux, vers des rêves de pierres par-delà l'effigie blême du temps. Regarde-moi en face si tu ne veux pas te voir. Prends ma place et retrouve l’espace libre dans le grand bug des consciences envahies de suprêmes assurances. Là où je n’accède plus, j’impose le nivellement au chagrin des peaux mortes. Il faut accepter ce que l’on ne peut éviter. La réalité a un prix que l’illusion ne saurait débattre et je me bats pour la peau qui me reste. Dans les décombres de soi, l’éphémère est la seule durée concevable et je m’en vais réapprendre à occuper pleinement le présent qui s’évapore. Le blé trouve sa voie dans la farine qui sert à faire le pain. Ne faut-il pas donner un sens à nos ruines ?

Le poids d’une main aimante sur le jour à venir déjouera peut-être le mutisme des fièvres de l’ombre. Mon enfance ne redoutait pas la différence, elle l’accueillait curieuse et enjouée par l’esprit de découverte. Aujourd’hui, j’appréhende les limites de la compréhension formatée. Pourtant, je n’ai plus peur de vivre aux côtés de la déferlante engourdissant mes réflexes. Je me répète à voix basse : à motricité perdue, conscience au grand jour.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
V
Un changement de lieu un autre espace peut- être plus intime sans dépaysement pour ma part une connaissance et reconnaissance de la main qui écrit et l'esprit à vif.<br /> <br /> Bien à vous
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