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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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21 mars 2014

Une dystrophie résiduelle.

722f1faeJ’entre en normalité comme une lumière pénètre le catéchisme des lueurs fauves et artificielles. Je me faufile parmi la foule entre abstraction et figuration. L’incontournable socialisation nécessite d’être d’accord avec soi-même.

La cohérence est une mesure mathématique que le monde ne cesse de développer telle une vérité fondamentale. « Soi-même comme un autre », disait Paul Ricœur. L’handicap n’est pas une maladie, c’est une distinction, une diversification à l’intérieur de l’unité du monde. Je me construis par un jeu de miroir où le regard de l’autre s’ingénue à m’être indispensable. Je refonde mon entité par des interactions volontaires et assumées. Je me suis vu changer tout au long de ma vie, et cependant, je persiste à parler de moi à la première personne du singulier. 

Du vrai, j’ai la marque de fabrique sous la rosée d’une feuille, sur l’étendard fruité de mes rêves gourmands de grappes silencieuses. Je vois et je ressens la déconvenue d’un réel qui ne cesse de se modifier. Pour moi, il y a la porte qui cache et celle qui sépare. Et puis, il y a la fermeture qui répare l’espace éparpillé. Nul n’échappe à la porte invisible qu’il échafaude sur son visage. Je ne suis libre de rien. Même si j’échappe à une partie des dogmes avilissants, mon corps répète l’espace qu’il occupe malgré lui. Une dystrophie résiduelle accapare et trouble mon regard lorsque je le pose sur ceux des autres. Je ne vois pas le monde tel qu’il est, je le perçois tel que je le ressens. C’est ma chute et ma performance individuelle. Je fraude et me fraude. Je tronque l’alphabet des sources inépuisables : la vie. Je m’handicape en temps et en heure, chaque fois que j’arrive là où je suis étranger. Je vadrouille sur l’horizon d’une vie décalée.

Chacun de mes rêves porte la trace du sable que le temps traverse. Ma vie est un cimetière ouvert à la permanence. La blessure a touché les racines, je ne bourgeonne plus à chaque rais de soleil. Je fermente dans une tisanière d’ombres et de clapotis. Mon front colle aux échantillons des mémoires sournoises où se désaltèrent les semelles percées d’anciennes conquêtes.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
A
L'indispensable socialisation, écris-tu. Pour moi c'est un problème et pourtant je SAIS dans les fibres de mon corps que tout est relié à tout. Penser, écrire,c'est facile. Vivre, c'est plus difficile. Amitiés.
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