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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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3 avril 2014

C’est un rêve de feu et de cendres.

Femme_fatale_I_ka5_vAmas de chairs resté en éveil, peau conquise aux braises pilées, je m’éveille et tu t’éveilles avec moi. Mon corps, ma deuxième nature, je ne te déteste pas. Je ne profane pas l’héritage du figuier sur le mont Franchise. Ma charpente se relève lentement du sommeil rectiligne des ombres mortes. Le chant de l’orge et du blé maintient le soleil à portée. Le feu qui me ranime est gorgé des cœurs qui m’entourent. 

L’âme tranquille de ses défaites s’ajuste comme un gant sur quatre doigts pleins. Le dernier est vide, mais les torsades de cuir taisent l’absence aux regards avides de conformité. Seule dans les sous-bois, une louve hurle sa détresse à la lune. Il n’est pas facile de céder une part vivante de son anatomie. Je tournoie dans les fougères, je suis aux abords de l’inabordable lieu de quête perpétuelle. La soustraction me décompte, puis cavale dans les soupirs de la mémoire sommeillante. 

Partout où je m’élance, je m’éloigne des plages perdues. Quelques poignées de sable frictionnent les roulements trop bien huilés et suffisent à la panne. Sur le Radeau de la Méduse, le désastre est à la surface. La dispute flotte avec le désespoir des corps naufragés. L’aube nouvelle articule mal les voix désordonnées qui s’abandonnent aux chants lexicaux. J’occupe l’adverbe comme un relent, comme une bouffée expulsée du malaise d’un sang dépecé de noblesse. 

Tombe l’heure lourde, chargée comme une mule grimpant jusqu’aux monastères des ivresses abandonnées. J’ai des crevasses dans la voix et un poids mort enroulé à mon ombre. La marche branlante estropie la lumière posée sur les béquilles d’un cauchemar hallucinatoire. Des spasmes meurtris roulent avec les larmes d’odieuses coupures. Ma vie en jachère éclate sur les parcelles atrophiées des mémoires lacunaires. Je me lève la nuit, funambule sur un fil invisible. Je marche dans les souvenirs qui dérivent et je touche aux buées qui s’évaporent dans la danse sensuelle du goutte-à-goutte. Rien ne chasse l’image d’un corps entier resté sur les collines de mon enfance. C’est un rêve de feu et de cendres dans lequel mon cadavre joue à l’apprenti sorcier. L’inertie est mon amie, je lui loue un deux pièces, costume et cravate.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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