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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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20 avril 2014

N’est-on jamais soi-même ?

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J’ai perdu les recoins enlacés aux soupirs frileux. Beautés hérétiques, je m’éloigne  des rives avares de la conformité. Toutes les dimensions s’entremêlent pour étouffer l’errance. Mes rêves n’échappent pas au grand large. Le calme parait très vieux. Je porte sur le dos les pavés que personne ne veut tailler. La tranquillité chante des îles lointaines. J’ai entre la main, le courrier du destin et il n’habite plus l’adresse indiquée. Je me souviens des terres en jachère où travaillent, au mépris du silence, les cistes aux feuilles duveteuses. Des fantômes enjambent les champs oubliés où rampent les mâchoires d’une moissonneuse broyant le vide sanguinolent et les escarres d’une végétation délaissée. Je rogne la géométrie des chorales trop bien organisées. J’affûte mes cordes vocales avec des prières de basses harmonies. J’écoute le pinson et le hibou sans avoir l’intention de les copier. Mon corps se détourne de la mémoire argumentée de rigides concepts. A chaque respiration, je traque l’ossature invertébrée de l’air. Maintenant, le jour peut se réveiller et accueillir les décombres de la lumière. 

Lorsque je partage mon corps avec toi, ce n’est plus le fantôme du désir qui s’accorde à ta peau. Mon esprit ne joue plus avec ta beauté fantasmée, c’est mon cœur tout entier qui te prend dans ses bras. Mon nez s’assure que ton parfum soit l’exact souvenir des jours heureux et la fracture -esprit-conscience- est immédiatement consumée. Tu te déroules en moi comme une algue préservée du mensonge, comme une herbe verte malgré la pluie glaciale de l’hiver. Ma réalité est dénuée de sens, elle accuse le rêve dans lequel je ne suis pas moi-même. Un instant, le sentiment d’unité, de cohésion profonde et de fusion sans équivoque subjugue l’immédiat. N’est-on jamais soi-même ? Quel traitement nous inflige nos sens ? L’amour est une berceuse au-dessus de mon terrier. Dans le noir total, je l’entends me dire : dors tranquille, je veille sur toi, et il suffit de deux vies pour n’en faire plus qu’une. Et, je me laisse porter.

 

- Brunoodile, tous droits réservés ©.

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Commentaires
M
C'est une belle musique ...
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